La secrétaire d’État chargée du développement et de la Francophonie était au Caire les 4 et le 5 mars pour participer à la conférence ministérielle africaine sur l’environnement (AMCEN).
Dans le discours qu’elle a tenu, Annick Girardin a souligné, conformément à l’appel de Manille lancé par le président de la République et son homologue philippin le 26 février, la nécessité d’agir de manière efficace dans la solidarité et la justice. L’accord attendu en décembre à Paris devra répondre aux attentes de tous les pays, notamment des plus vulnérables. Il devra faciliter une réduction des émissions compatible avec l’objectif des 2°C, mais également permettre aux pays de s’adapter aux effets du dérèglement climatique, notamment par des financements appropriés. L’Afrique est le continent qui a le moins contribué aux émissions de gaz à effet de serre, mais c’est aussi un de ceux qui en subissent le plus les conséquences, notamment en termes de désertification, de montée des eaux ou de déforestation.
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Le premier pilier, c’est l’accord juridique
Cet accord, le mandat de Durban nous en a esquissé les contours, en quelques mots :
- universel, pour ne laisser aucun pays sur le bord de la route ;
- dynamique et durable, pour ne pas avoir à recommencer ces négociations tous les 5 ans
- juste et équitable, car l’accord devra reconnaître la diversité des situations nationales, et en adaptant l’effort aux responsabilités et capacités de chacun,
- ambitieux, car il faut agir rapidement si nous voulons retrouver le chemin des 2°C.
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Le deuxième pilier de l’accord, ce sont les contributions
Cet accord, il devra s’appuyer sur des contributions de tous les Etats. Ces contributions, avec leurs objectifs de réduction des émissions, mais aussi des éléments sur l’adaptation, ne sont pas une contrainte de plus, ou une entorse au principe des responsabilités communes mais différenciés.
C’est au contraire sa traduction. Chaque pays doit proposer ce qu’il peut faire, et ce qu’il considère comme juste de faire, au regard de l’objectif des 2°C. Il ne s’agit en aucun cas d’éluder la responsabilité des pays industrialisés, qui doivent prendre les engagements les plus forts. L’UE l’a fait en novembre dernier, avec un objectif de -40%. Les Etats Unis et la Chine ont communiqué des premiers chiffres. La Suisse vient de publier sa contribution. Nous avons des responsabilités particulières, nous les assumons et nous continuerons de les assumer.
Il est essentiel que tous les pays, y compris les pays africains, s’engagent au plus tôt dans la préparation de ces contributions : cela aura un effet d’entraînement considérable.
Pour les pays les plus pauvres, il est normal de faire figurer dans ces contributions ce que vous pourriez faire vos propres ressources, mais aussi avec un soutien de la communauté internationale. Je pense au partage des technologies, je pense bien sûr aussi aux financements.
Ces contributions c’est pour beaucoup de pays un exercice nouveau. Nous en sommes conscients ; c’est pour cela que la France a mis en place un programme d’appui pour les pays qui le souhaitent. -
Le troisième pilier, ce sont les financements
Nous devons tenir l’engagement de Cancún de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, à partir de sources publiques et privées. La première vague de projets du Fonds Vert sera aussi l’occasion d’illustrer, dans les faits, l’importance capitale de l’adaptation. Les financements du climat, je les résume en deux mots : solidarité et responsabilité.
- Solidarité, le Président de la République l’a rappelé aux Philippines, parce que les plus pauvres sont les plus touchés, et qu’il faudra leur apporter toute l’aide que nous pouvons.
- Responsabilité parce que chacun devra prendre les siennes. Les Etats, au Nord et au Sud, en mobilisant les financements publics, les collectivités territoriales en développant des projets de terrain, les entreprises en investissant massivement dans les secteurs de l’économie verte.
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Le dernier pilier, c’est l’agenda des solutions.
Cet agenda des solutions, c’est celui de l’action immédiate du concret. La lutte contre le dérèglement climatique, ce ne sont pas que des négociateurs, dans des salles de négociations, en train d’écrire des textes. Ce sont aussi des actions de terrain, dans l’accès à l’énergie, l’adaptation, qui permettront d’aller plus vite et plus fort vers notre objectif.
Pour rester en dessous de 2°C, il faut agir dès aujourd’hui avec des actions concrètes et mesurables. Il faut mobiliser tous les acteurs, car seul on va plus vite, ensemble on va plus loin !
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