Annick Girardin est depuis ce matin et jusqu’à demain en visite officielle à Erevan.
L’Arménie est un pays de tradition francophile où la francophonie est largement identifiée à la France, au regard de nos relations historiques et de l’importance de la diaspora d’origine arménienne en France.
Membre à part entière de l’Organisation Internationale de la Francophonie depuis 2012, l’Arménie a réaffirmé récemment son attachement à la francophonie en accueillant la 31ème conférence des ministres de la Francophonie à Erevan les 10 et 11 octobre 2015.
Invitée à l’Alliance française et à l’Université française en Arménie, la Secrétaire d’État a tenu un discours sur les perspectives de l’enseignement et de la diffusion du français :
Mesdames et Messieurs, Chers étudiants, L’Université française en Arménie est devenue depuis une décennie une étape inévitable pour un visiteur en Arménie. Le Président de la République française, François Hollande, était d’ailleurs ici le 24 avril dernier pour un échange avec ses étudiants. C’est donc pour moi tout à la fois un grand honneur mais aussi une véritable joie d’être parmi vous aujourd’hui, et de pouvoir m’exprimer devant autant de jeunes qui ont choisi de suivre des études dans cette langue que nous avons en partage, le français, et de poursuivre leur formation supérieure à l’UFAR, dans cette institution de référence par la qualité de ses enseignements et de ses diplômes français et arméniens. Depuis longtemps, bien avant le drame du génocide, nos deux pays, nos deux peuples, ont mêlé leurs destins. Et aujourd’hui, vous êtes, l’incarnation du lien fort qui existe entre nos deux pays, fait d’amitié, d’admiration, et de confiance. Or, à l’heure des défis globaux qu’il nous faut relever (migration, lutte contre le terrorisme, menace de récession économique, réchauffement climatique), nous devons nous unir plus que jamais au sein d’espaces de solidarité privilégiée, autour de valeurs communes, de valeurs universelles, qui fondent notre humanité : fraternité / solidarité, ouverture, écoute, dialogue, plaisir d’être ensemble, différents. La Francophonie est un de ces espaces de solidarité privilégiée qu’il faut enrichir sans cesse avec des idées neuves en se tournant prioritairement vers vous, la jeunesse francophone en attente de solutions mais aussi porteuse de renouveau : voici une des ambitions que je soutiens avec force en tant que Secrétaire d’État au Développement et à la Francophonie pour tous les pays qui ont la langue française en partage. Cet espace francophone comme lieu de solidarité privilégiée, il est d’abord géographique. En effet, pris dans sa seule dimension Europe-Afrique, c’est trois fois la superficie de l’UE : de la Belgique au sud-est de la RDC en passant par Erevan, on est, dans tous ces territoires, capable de s’exprimer en français ! Mais la francophonie, ce n’est pas qu’un espace géographique, c’est aussi un espace culturel avec comme doctrine la défense du plurilinguisme. Plurilinguisme que vous connaissez bien puisque vous aussi vous évoluez dans un contexte où cohabitent votre langue, l’arménien, mais aussi l’importance non négligeable de la langue russe, héritée de l’histoire, et où la place de l’anglais croit de jour en jour. Dans cette dynamique, le français a toute sa place, et la cohabitation de toutes ces langues est, et doit être, conçue comme un enrichissement et une chance à saisir. La francophonie, c’est aussi un espace de dialogues avec la diversité du monde : dépasser les clivages classiques Est-Ouest ; considérer l’égale importance et dignité de toutes les cultures sans domination de l’anglais ou d’une autre langue. Cet espace francophone est enfin un écosystème qu’il faut développer en vue d’un développement durable, et en faveur de entrepreneuriat et l’emploi pour les jeunes et les femmes :- Le français est la 3ème langue des affaires : pas uniquement langue littéraire ou diplomatique, mais langue d’innovation, de développement au sens large (économique, social), du numérique dans un monde toujours plus dématérialisé et connecté.
- le français met les gens en réseau, renforce les liens au sein d’un espace économique décomplexé, où l’esprit d’entreprendre se décline avec fierté et conviction en français. C’est toute l’idée d’une « francophonie économique » : celle de développer un système capable de répondre de manière pragmatique aux attentes et besoins de la jeunesse. C’est un vaste chantier, ambitieux mais possible pour les francophones des 5 continents et ses entrepreneurs innovants !
- Ce n’est pas que la France : Les français sont statistiquement minoritaires dans la famille francophone (un quart)
- Ce n’est plus la Françafrique, avec d’un côté une France réputée dirigeante et arrogante et de l’autre des populations d’autres espaces périphériques francophones subissant une ‘’langue française tueuse de leurs langues nationales’’. Comme le disait un ancien premier ministre haïtien, « Nous ne sommes pas locataires de la langue française, nous en sommes les copropriétaires »
- C’est l’Afrique, bien évidemment, mais également,
- Les Amériques, avec plus de 33 millions de locuteurs avec un véritable réseau des villes francophones et francophiles
- L’Asie, le Pacifique,
- L’Europe et le Caucase: amis belges, suisses, arméniens… mais également 15 millions de locuteurs français en Allemagne…
- l’école française en Arménie est de plus en plus fréquentée, par quelques jeunes Français bien sûr, mais surtout par de jeunes Arméniens, qui deviendront bientôt vos successeurs sur ces bancs
- 5 écoles dispensent des cours de français renforcé avec trois heures de français supplémentaire par semaine dont bénéficient plus de 400 élèves
- le lycée franco-arménien 119, s’il doit encore se développer, délivrera cette année pour la première fois des diplômes avec mention « bilingue francophone », facilitant la poursuite d’études universitaires en France ou ici, à l’UFAR.
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