La secrétaire d’État était aujourd’hui l’invitée de Mardi politique où Florent Guignard pour RFI, Marc Perelman pour FRANCE 24, et Laure Bretton pour Liberation l’ont interrogée sur l’actualité sur la crise migratoire en Europe et la crise politique au Burkina Faso, mais aussi sur des questions propre à son identité radicale et Saint-Pierraise-et-Miquelonnaise et sur action au gouvernement.
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Plus ancien parti politique de France et deuxième composante de la majorité présidentielle, le Parti Radical de Gauche tenait son 100e Congrès ce dimanche 20 septembre 2015. Aux côtés des deux autres membres radicaux du gouvernement, Sylvia Pinel et Thierry Braillard, Annick Girardin a pris la parole devant le Premier ministre Manuel Valls, qui avait fait le déplacement, et le Jean-Michel Baylet, qui venait d’être réélu président du parti, pour rappeler le caractère singulier des Radicaux de Gauche et la réponse universaliste qu’ils doivent porter en France et en Europe face aux défis du début du XXIe siècle.
Discours au 100e congrès du Parti Radical de Gauche
Seul le prononcé fait foi
Cher Manuel, Cher Jean-Michel, chers amis, C’est toujours un plaisir de vous retrouver dans ces grands moments de notre parti : les congrès, les forums, les universités d’été… Ces temps permettent à chacun d’échanger sur ses inquiétudes, ses convictions, ses espérances. Et je remercie tous ceux qui ont participé à ces débats. Tous ceux qui les ont animés. Tous ceux qui les ont organisés et je pense en particulier aux permanents du parti.
Permettez-moi aussi de profiter de cette tribune pour féliciter notre Président de sa réélection. Et de le remercier de tout le travail réalisé, avec Guillaume Lacroix, ces 3 dernières années.
Je tiens également à saluer le Premier ministre, qui nous fait l’amitié et l’honneur d’être parmi nous ce matin. Cela fait maintenant un an et demi que nous travaillons ensemble et je dois avouer que j’apprécie particulièrement votre souci de l’efficacité et du collectif, votre franc-parler et vos idées, votre préoccupation pour les autres et avant tout au service des Français, de la France, de la République. Lors de nos débats, nombre d’entre vous ont fait le même constat : nous vivons une crise politique aigüe. Je crois qu’un mal profond en est à l’origine : pour moi, la crise actuelle est avant tout une crise de l’universel. Cette crise de l’universel a 3 symptômes fondamentaux :Permettez-moi d’exposer ces éléments, point par point.
- La difficulté de penser le monde dans son ensemble, en tenant compte de toutes les populations de notre planète ;
- La difficulté de considérer les divers défis dans leur globalité, sans les segmenter ou les opposer ;
- La difficulté de concilier les identités individuelles avec une conscience universelle.
D’apporter des éléments de réponses. De présenter des initiatives qui donnent de l’espoir.Le premier symptôme de la crise de l’universel, c’est la difficulté de penser le monde dans son ensemble.
La crise des réfugiés que nous connaissons actuellement en est un exemple. Elle prend source dans le conflit syrien, dans le conflit irakien, dans le conflit israélo-palestinien dans lequel les Américains, les Européens ont été impliqués d’une façon ou d’une autre. Aujourd’hui, cette crise nous touche directement.
Je suis persuadée qu’on ne résoudra pas cette crise en dressant des barrières, des barbelés, des murs. Ni en remettant en cause l’espace Schengen, à la base du projet européen. Nous ne devons pas non plus ignorer qu’avant d’être des réfugiés, ces personnes sont des êtres humains.Je m’oppose aussi à ceux qui nous expliquent qu’il y aurait les « bons » réfugiés d’un côté et les « mauvais » réfugiés de l’autre. Comme si éviter de mourir sous les bombes était plus noble à leurs yeux que d’éviter de mourir de faim !
D’ailleurs, nombre de Français ne se sont pas trompés et l’appel à la solidarité, à gauche, est d’une ampleur dont nous pouvons être fiers.
Je parle ici des migrants. Mais je pourrais aussi vous parler de la crise d’Ebola. Ou du Djihadisme. Des problématiques qui doivent être pensées globalement si l’on veut pouvoir y apporter des réponses sur le long terme.
Cette approche globale, c’est celle qui prévaut sur la question du climat. Il y a peu, la question climatique était le symbole de cette difficulté à penser le monde dans son ensemble.
Aujourd’hui, elle pourrait devenir un modèle : la prise de conscience climatique est globale, la mobilisation est générale.
Et vous savez tous les efforts que je déploie aux côtés du Président de la République, avec Laurent Fabius et Ségolène Royal.
Bien sûr, rien n’est acté. Les défis de la Conférence climat qui se tiendra à Paris début décembre, demeurent immenses.
Certains oiseaux de mauvais augure parient même sur son échec. Faire ce pari, c’est ignorer que l’accord que nous entendons conclure à Paris repose sur 4 piliers :Tous les objectifs ne seront peut-être pas atteints. Mais depuis des mois nous avons considérablement avancé sur tous ces sujets. Quel que soit l’accord final, il y aura un avant et un après Paris. A Paris, je peux vous le dire : nous ferons des pas de géant !
- L’accord en lui-même, qui devra être universel et juridiquement contraignant.
- Les contributions nationales, c’est-à-dire les efforts que chaque pays s’engage à mettre en œuvre ;
- Le financement et les transferts de technologies pour soutenir les pays en développement ;
- L’agenda des solutions, c’est-à-dire les initiatives innovantes qui contribuent à lutter contre le dérèglement climatique.
Ces négociations climatiques nous apportent aussi des enseignements pour penser et organiser le monde de façon globale :Il y a bien sûr l’aide aux pays en développement. Les besoins sont immenses. Chaque acteur doit prendre sa part : les ONG, les entreprises, les élus locaux… Et je remercie tous ceux qui oeuvrent dans leurs territoires en faveur de la coopération décentralisée – je sais qu’ils sont nombreux ici.L’autre symptôme de la crise de l’universel, c’est la difficulté de penser les problématiques dans leur globalité. Nous avons tendance à tout segmenter, à tout opposer.Je le vois, par exemple, lorsque certains opposent lutte contre la pauvreté et lutte contre le changement climatique. Comme si la lutte climatique allait freiner la croissance et donc accroitre la pauvreté. Ce raisonnement est faux.
- Il faut réformer et renforcer les organisations internationales et l’implication des ONG, des entreprises, des chercheurs, des citoyens. Si la COP21 est le plus grand évènement diplomatique que la France ait jamais organisé, ce n’est pas par souci de grandeur, mais parce que la question climatique nécessite l’implication de tous.
- Il faut une plus grande implication du pouvoir politique dans les organisations internationales. On le voit sur le climat : lorsque les négociations sont laissées aux seuls technocrates, celles-ci avancent trop lentement. Même si la formation d’un Parlement mondial parait prématurée, la réflexion autour de cette question devra être engagée.
- Il faut une plus grande solidarité à l’internationale, entre pays, entre citoyens du monde. Des initiatives existent, que l’on doit généraliser. Par exemple, il y a le fonds Vert pour le climat de 10 milliards de dollars. Il a été créé il y a un an pour financer et accompagner les pays les plus vulnérables à s’adapter et à lutter contre le dérèglement climatique.
Au contraire, la transition énergétique est génératrice d’emplois et de croissance.
Les populations les plus touchées par le changement climatique sont les populations les plus vulnérables.
Plutôt que d’opposer pauvreté et climat, notre combat doit être conjoint. Notre objectif, c’est un monde « zéro carbone, zéro pauvreté ».
Pour éviter de segmenter les problèmes, une réflexion a été engagée aux Nations Unies pour fixer des objectifs de développement durable applicables à tous les pays du monde. Ces objectifs seront adoptés la semaine prochaine à New York, où je me rendrai. Ils concerneront aussi bien la pauvreté, le climat, le genre, la santé, les Droits de l’homme. Ils constituent une feuille de route mondiale pour les 15 prochaines années.
Cette démarche doit être dupliquée au niveau national pour apporter plus de lisibilité à l’action politique. Car ce que nos concitoyens nous reprochent, c’est avant tout le manque apparent de cohérence dans notre action. Les Français ont besoin d’avoir un horizon, de connaître notre projet politique pour la France d’abord, pour l’Europe aussi et pour le monde.Malheureusement, le FN est le seul à tenir un propos constant et, en apparence, cohérent. Evidemment, nous détestons et combattons leurs idées ; que serait la France s’ils accédaient au pouvoir ! Mais on ne peut que constater un discours constant : dans son populisme, dans sa mauvaise-foi, dans sa haine. Il nous faut impérativement déterminer une trajectoire qui soit cohérente.
Cohérente dans l’espoir qu’elle suscite.
Pour être suivis, il faut au moins donner le point d’arrivée, la durée et les conditions du voyage. Y compris les efforts à réaliser ! Il ne faut pas négliger la part de rêve et d’espoir dont chacun a besoin pour avancer. Et je sais que le Président de la République et le Premier ministre travaillent en ce sens.
Cohérente dans la solidarité qu’elle promeut.
Cohérente dans les libertés qu’elle défend.
Nous devons montrer en quoi tous les défis – les inégalités, la construction européenne, les freins au développement économique, la pollution, l’isolement de certains territoires et notamment ceux en milieux ruraux et dans les outre-mer – sont liés entre eux et comment une vision globale est indispensable pour apporter des réponses concrètes qui parlent aux citoyens.
Selon moi, cette trajectoire devra nécessairement prendre en compte les aspirations de la jeunesse. Une jeunesse qui demande, à l’image des JRG, d’être mieux considérée au sein de la vie citoyenne ; qui demande que l’on s’occupe de leurs difficultés – le chômage, la pauvreté, l’accès au logement.Les problèmes qu’ils rencontrent ne sont pas propres à leur génération. Mais chez eux, ces problèmes sont encore plus prégnants. Leurs maux symbolisent à eux seuls la crise que je vous décrie : une société qui oublie ses enfants, c’est une société qui renonce à l’universel. C’est pourquoi la jeunesse est la grande priorité du gouvernement.
Le troisième symptôme de cette crise, c’est la difficulté de concilier les identités individuelles avec l’universel.
Que chaque individu prenne conscience de sa valeur et de la valeur de l’autre est un formidable progrès. Et notre parti a lutté en ce sens, en promouvant les droits individuels chaque fois qu’il le pouvait.
Mais j’en suis convaincue : sans dessein collectif, un modèle de société basé sur l’individu ne peut fonctionner. Léon Bourgeois ne disait pas autre chose lorsqu’il parlait de solidarisme.
L’enjeu est double : il faut accompagner et protéger le développement des identités individuelles tout en promouvant le collectif et le vivre-ensemble. Car l’un ne va pas sans l’autre.
Comment peut-on promouvoir le collectif si on exclut certaines personnes ? Comment quelqu’un peut-il participer activement à la vie en société si son identité est rejetée ?Pour moi, il est essentiel de donner à chaque personne, la possibilité de s’accomplir, de décider pour lui-même. Et cela passe par de nouveaux droits : le vote des étrangers aux élections locales, l’accès à la PMA, le droit de mourir dans la dignité…
Cela passe aussi par la défense de principes fondamentaux tels que la laïcité, seule à même de permettre à chacun de croire ou de ne pas croire. Combattons l’extrême droite, qui pervertit et manipule la laïcité pour mieux exclure !
Favoriser le vivre-ensemble, c’est aussi protéger la diversité culturelle et en particulier les langues, qui constituent un fort vecteur d’identité.
Certains disent que la francophonie est un combat d’arrière-garde.
Je ne suis pas d’accord ; c’est tout le contraire ! Ce qui est ringard, c’est se satisfaire de l’homogénéisation des cultures.
Enfin, nous ne parviendrons pas à replacer le collectif au centre de la vie en société sans renouveau idéologique. Car sans idéaux, les citoyens n’ont que leur nombril pour horizon. Les idéaux sont là pour dépasser les égoïsmes, nationaux et individuels, et s’attacher à un dessein plus grand que son existence.Les Français n’ont jamais été aussi conscients de l’interconnexion entre les citoyens du monde. Ces liens les effraient, au point où nombre de nos concitoyens sont tentés par le repli. Voilà le défi : faire comprendre que l’universel est une chance.
Qui mieux que nous peut porter ce message ? Notre formation politique possède toutes les ressources pour combattre la crise de l’universel et donc la crise actuelle.
Nous sommes humanistes. Nous sommes solidaristes. Nous sommes fédéralistes européens, profondément universalistes.
La solidarité est au cœur de notre pensée politique, tout autant que le respect des libertés individuelles. Nous portons une vision de long terme qui a su perdurer au travers des décennies.
Dans cette bataille des idées, notre parti peut revenir au centre du jeu politique. C’est un devoir envers nous-mêmes, un devoir envers les citoyens. Un devoir envers la République. Car si nous ne portons pas ce message, qui le fera ?
Le nouveau programme adopté hier est une étape fondamentale en ce sens.
Dès les régionales, notre message clarifié doit être porté. Car l’idée d’universel, c’est aussi du concret, c’est local. C’est l’écoute des autres. C’est de l’engagement au plus proche des citoyens. C’est une action collective dans les transports en commun, dans l’accès à l’emploi, dans le développement économique !Nous percevons partout le frémissement de la recherche d’universel. On décèle une lueur d’espoir. Portons cet espoir !
Dans nos actions en ville, à la campagne, dans les Outre-Mer ! Accompagnons ces nouvelles aspirations ! Retroussons-nous les manches ! Pour la République ! J’ai confiance. J’ai confiance dans les Radicaux ! J’ai confiance en nous !
Chers amis,
Je suis ravie d’avoir un débat approfondi, un débat de fond, avec vous, sur un sujet crucial, au cœur de notre engagement militant : la République. L’histoire du radicalisme est intimement liée à celle de la République. Nous, Radicaux, avons porté son enracinement, sa force, son esprit protecteur.
Or, aujourd’hui, le constat est unanime : la République est à bout de souffle. Non pas son esprit, ni ses principes, qui demeurent universels, mais la forme dans laquelle elle s’incarne.
L’engagement citoyen, classique, partisan ou syndical, est en crise. Même les jeunesses du pays, pourtant si promptes à la révolte et à l’indignation, expriment un désintérêt pour les affaires publiques et politiques. Les partis extrémistes et antirépublicains ne cessent de progresser.
Faut-il rappeler qu’aux dernières élections municipales, pour la première fois, plusieurs communes françaises n’avaient aucun candidat !
On dit généralement que les institutions de la Cinquième République sont protectrices parce qu’elles ont limité les crises politiques. C’est vrai, certaines crises ont été évitées, limitées, mais elles ont donné naissance à un malaise rampant, bien plus profond, bien plus grave.
En l’absence de pacte de gouvernement, comme en Angleterre ou en Allemagne, la majorité gouvernementale se divise et se discrédite. Le fait majoritaire empêche le consensus, engendre des oppositions de posture, et rompt la continuité de l’action publique : cela dévalorise le travail des élus et crée une défiance totale vis-à-vis de la politique.
Alors, oui, face à cette crise du politique, il faut changer de République !
Mais pour changer, il ne faut pas avancer par à-coups, il ne faut pas segmenter le débat. C’est l’erreur qui a été commise jusqu’ici.
Depuis près de 60 ans, on cherche à régler les problèmes, par petits bouts, sans vision d’ensemble. Le quinquennat était censé régler tous les maux, le remède a été pire que le mal. L’inversion du calendrier électoral a été l’erreur de trop : elle a renforcé la légitimité d’un seul homme au détriment de celle des élus de la nation.
La réforme constitutionnelle de 2008, oui, je l’ai votée avec les autres parlementaires radicaux, parce qu’elle permettait un plus grand pluralisme. Mais elle n’était qu’un simple rafistolage, un simple rapiéçage : quelques dispositions modifiées, de ci, de là, sans vision globale. Nicolas Sarkozy souhaitait faire un coup politique, il nous a laissé une République dont les coutures, mal ajustées, craquent. Tout simplement parce que les objectifs d’une telle réforme ont été ignorées. Ne commettons pas les mêmes erreurs !
Ces objectifs, quels sont-ils ?
Premièrement, il nous faut clarifier le rôle de nos institutions, qu’il s’agisse de la suppression du Premier ministre ou du renforcement du rôle du Parlement. Je n’y reviendrai pas, nous en avons déjà longuement débattus.
Deuxièmement, le pluralisme politique doit être davantage réaffirmé. La diversité politique, très marquée à gauche, n’est pas une faiblesse, c’est une force. La force d’une gauche exigeante, parfois intransigeante. D’une gauche qui s’allie non pas au gré des circonstances électorales mais parce qu’elle partage un objectif commun, un but orienté vers le progrès.
Pour cela, il nous faut, par exemple, institutionnaliser la tenue de primaires avant l’élection présidentielle. Pour permettre la bonne tenue des scrutins – je crains d’ailleurs le pire aux primaires de droite pour 2017 – mais aussi pour permettre à chaque parti d’exprimer ses idées, sans mettre en péril la victoire de son camp.
En 2011, j’étais opposée à l’idée d’une candidature parallèle à celle de François Hollande. Néanmoins, je dois reconnaître que le PRG est sorti renforcé des primaires. En particulier à Saint-Pierre-et-Miquelon, où le candidat Baylet, notre Président, est arrivé en tête avec 40 % des suffrages… Le meilleur score de France !
Troisième objectif : renforcer la transparence de l’action publique. Il ne s’agit pas de mettre des micros partout, ni d’embaucher des conseillers avec des dictaphones dans les poches… La transparence ne se limite pas non plus à celle des élus et des hauts fonctionnaires. Non, il s’agit de rendre plus visibles, plus transparentes, les décisions que l’on prend.
Je prendrai, pour exemple, la mise en ligne des données, sur les projets d’aide française au développement, dans les 16 pays prioritaires. Ce n’est pas une promesse pour 2018… c’est déjà en ligne pour 5 pays et cela le sera pour les 16 pays d’ici la fin de l’année.
Ce type de démarches doit être généralisé et ce ne sera rendu possible qui si le principe de transparence vient irriguer l’architecture de nos institutions.
Le quatrième objectif, c’est l’ouverture de la vie politique à la société civile. Non pas de manière cosmétique, par souci d’affichage ou de récupération. Non, il nous faut inscrire dans la Constitution, le rôle fondamental de la société civile au sein même de nos institutions.
C’est indispensable au vu des nouvelles formes d’engagement citoyen. Nous ne pouvons pas ignorer que nombre de nos concitoyens préfèrent s’engager dans une association pour une cause précise, plutôt que d’être élus d’un territoire avec une compétence plus générale. L’acte civique ne s’arrête pas au droit de vote ! Il nous faut savoir capter, transformer la richesse de cet engagement citoyen en engagement politique.
Etant issue du secteur associatif, j’en étais déjà convaincue. Je le suis d’autant plus avec mes nouvelles fonctions : l’aide au développement transite en partie par les ONG. Ce ne sont pas les montants les plus élevés – les États fournissent de loin les plus gros montants d’aide – mais c’est la partie la plus visible, la plus populaire… L’une des grandes avancées de la loi sur la solidarité internationale que j’ai fait voter avant l’été, c’est justement de mieux intégrer l’ensemble des acteurs du développement.
Par exemple, en instaurant un Conseil national de la solidarité internationale, qui regroupe l’État et les collectivités bien sûr, mais aussi les syndicats, les chercheurs, les entreprises et bien évidemment les ONG.
Autre exemple, également dans mon champ de compétence : les négociations internationales sur le climat. Pour y parvenir, les pays en développement doivent être soutenus dans leur combat contre les effets du dérèglement climatique, mais aussi dans leur transition écologique.
La mobilisation existe, un mouvement a commencé, et je crois que tous les acteurs doivent y prendre part : les collectivités locales (plus de 2 000 villes se sont engagées à New York lorsque j’y étais pour l’Assemblée générale des Nations-Unies), mais aussi les entreprises (plus de 1 000 entreprises se sont déjà jointes à ce mouvement), et les acteurs de la finance : les fonds de pension, les fonds d’investissements, les assureurs… Nous aurons besoin de tous !
Le cinquième objectif d’une République rénovée, c’est une meilleure intégration de la jeunesse, de toutes les jeunesses, quel que soit l’origine sociale ou géographique. Ce n’est pas par jeunisme, ni parce que je suis conseillère d’éducation et de jeunesse populaire de formation. C’est tout simplement pour éviter une fracture générationnelle et pour assurer le renouvellement des idées.
Il y a un décalage fondamental dans notre société entre un système d’information qui s’accélère et le renouvellement d’idées qui semble ralentir considérablement. Bientôt, l’information prendra le pas sur la réflexion. Et cela a déjà commencé ! Le changement des mentalités opère moins rapidement. Si le mariage pour tous faisait l’unanimité parmi les jeunes, ce n’était pourtant pas le cas parmi les autres tranches d’âge…
Comment, dès lors, intégrer les jeunes générations en s’assurant la représentation de leur diversité, sans pour autant les embrigader ? On a bien instauré la parité liée au genre ; pourquoi ne pas proposer une représentation intergénérationnelle ?
Cette proposition est bien évidemment provocatrice. Mais on ne peut pas sérieusement penser l’avenir sans y associer légitimement ceux qui le constitueront. En arrivant au Quai d’Orsay, ma première priorité a été d’élaborer une stratégie jeunesse envers les pays du Sud. Le développement des pays les plus vulnérables, tout comme le rayonnement de la francophonie passera par les jeunes générations ! Vous me direz : leur démographie est de plus en plus jeune ? Oui, mais la nôtre est vieillissante, c’est bien ce qui nous oblige à mener une telle réflexion.
Sixième objectif, c’est l’adaptation de nos institutions à une future fédération européenne. On ne peut pas renforcer les institutions européennes et garder les mêmes institutions en France. Cela ne fonctionnera pas. En tant que vice-présidente de la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, j’ai constaté la difficulté à faire coïncider les travaux législatifs européens et nationaux.
Toutes nos institutions devraient être réformées pour mieux intégrer la dimension européenne, pour mieux associer les Français aux décisions prises à Bruxelles. Et qui mieux que nous, les Radicaux, Européens convaincus, fédéralistes, peuvent porter cette demande ?
Car oui, sur tous ces aspects, les Radicaux peuvent être entendus :
- Clarifier le rôle de nos institutions ? C’est un débat que nous portons depuis le début.
- Assurer le pluralisme politique ? Nous le faisons vivre chaque jour en nous différenciant de notre puissant allié.
- La transparence ? Certes, nous avons des progrès à faire… mais nous sommes sur le bon chemin…
- L’ouverture à la société civile ? Elle est au cœur du projet radical, qui met l’individu au centre d’une société interdépendante. Nous nous sommes battus pour le suffrage universel direct. Nous nous battrons pour associer l’engagement citoyen aux institutions.
- La jeunesse ? Rare il y a quelques années au sein de notre parti, elle est de plus en plus active et exigeante. Quand j’explique aux journalistes que le mouvement des JRG grossit, je peux vous dire qu’ils ont du mal à le croire ! C’est pourtant une réalité. D’ailleurs, deux d’entre eux travaillent dans mon cabinet.
- Enfin, l’adaptation de nos institutions au contexte européen ? Je l’ai déjà dit, nous sommes les mieux placés pour porter ce projet !
La réforme de nos institutions est indispensable. Mais elle ne doit pas être une énième fuite en avant. La Sixième République ne doit pas devenir un concept vague, qui permettrait de repousser toute tentative de réforme à un changement constitutionnel.
Les institutions parfaites n’existent pas. Elles doivent simplement s’adapter aux défis de leur temps. Pierre Mendès France le disait si bien : « La République doit se construire sans cesse car nous la concevons éternellement révolutionnaire, à l’encontre de l’inégalité, de l’oppression, de la misère, de la routine, des préjugés, éternellement inachevée tant qu’il reste des progrès à accomplir.»
Poussons cette exigence révolutionnaire, sans sombrer dans la facilité.
La défiance politique actuelle tient également à d’autres facteurs, et notamment aux partis politiques. Je ne vous parlerai pas de Bygmalion. Je ne vous parlerai pas de la formation professionnelle. Je ne vous parlerai pas des cartes, des procurations… Non, les media l’évoquent assez. Mais je veux tout de même poser cette question : peut-on avoir une République adaptée sans des partis exemplaires ?
Les institutions ne doivent pas être l’unique bouc-émissaire. Il ne faut tomber dans aucun excès. Et le mérite de cette Convention, c’est justement de les avoir évités. Je remercie tous ceux qui ont contribué à son organisation et à sa tenue.
C’est de cette façon que le débat sur l’avenir de nos institutions doit avoir lieu. Pas sur des plateaux télé pour séduire un public. Pas à l’occasion d’un défilé, une semaine avant les élections présidentielles. Mais sous cette forme, autour de débats et d’ateliers de travail précis.
Nous faisons honneur à cette question fondamentale puisque nous proposons des solutions. Au vu du contexte actuel et face au pessimisme ambiant, il est indispensable que nous continuions à formuler des solutions. Je terminerai sur ce point.
Etant une femme politique de terrain, je privilégie toujours une approche par les solutions. C’est celle que je porte au quotidien, notamment à l’approche de la Conférence Climat qui se tiendra à Paris en 2015, et pour laquelle je suis pleinement engagée aux cotés de Laurent Fabius et de Ségolène Royal. Face au changement climatique, il y a plusieurs manières de procéder :
- Abandonner parce que la tâche paraît insurmontable ? C’est sacrifier les générations futures, c’est irresponsable.
- Crier au feu et au catastrophisme ? Cela se fait depuis longtemps mais pour l’instant, ça n’a pas été suffisamment efficace.
- Apporter des solutions ? C’est ce que je fais, en allant sur le terrain, en montrant ce qui peut être réalisé pour lutter contre le changement climatique et pour s’adapter à ses effets ; en réunissant autour de la table des négociations, pas seulement les pays les plus grands, les plus avancés, les plus polluants, mais aussi les plus vulnérables, ceux qui sont le plus affectés par le changement climatique. C’est ainsi que nous parviendrons à un accord ambitieux.
On peut définir la gauche et la droite comme on l’entend, mais en définitive, ce qui réunit la gauche, sa raison d’exister, c’est l’espoir, l’espoir de lendemains meilleurs. Nous ne devons pas perdre cette bataille.
Or, je dois dire que le pessimisme a pris une longueur d’avance… et j’ai bien cru que notre parti allait aussi y basculer…
Les difficultés auxquelles la France est confrontée sont grandes. Comme pour le climat, comme pour la réforme des institutions, il y a plusieurs options. Pour ma part, j’ai toujours préféré le combat au défaitisme. C’est aussi ce que les Radicaux ont toujours fait. C’est ce que nous faisons au travers de cette convention. Par esprit de responsabilité. Pour faire avancer la société française. Parce que nous sommes convaincus qu’unis, nous pouvons réussir. Oui, nous pouvons réussir !
Les 13, 14 et 15 septembre s’est déroulée à Seignosse dans les Landes, l’université d’été du Parti Radical de Gauche.
Comme chaque année, les militants PRG, les cadres et élus du parti se réunissent afin d’échanger sur les problématiques qui concernent les Français et réfléchir aux réponses politiques à apporter pour notre pays.
Durant ces 3 jours, les débats ont été nombreux sur des thèmes aussi variés que :
- Les priorités économiques et sociales pour la France ;
- La transition énergétique ;
- Le tourisme, le commerce et l’artisanat, leviers de développement économique pour les collectivités locales et territoriales ;
- Les élections municipales de 2014 ;
- L’Europe et les élections européennes ;
En tant que coordinatrice des groupes parlementaires et membre du groupe RRDP de l’Assemblée nationale, Annick GIRARDIN a eu le plaisir et l’honneur de faire l’ouverture des discours de la matinée de clôture de l’université d’été 2013.
- Le discours d’Annick GIRARDIN : Discours.Seignosse_150913.AG
Se sont succédés ensuite à la tribune :
- Jacques MEZARD, le Président du groupe RDSE au Sénat;
- Anne-Marie ESCOFFIER, la Ministre déléguée chargée de la Décentralisation ;
- Sylvia PINEL, la Ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme ;
- Manuel VALLS, le Ministre de l’Intérieur ;
- Jean-Michel BAYLET, le Président du PRG.
Le reportage diffusé sur SPM 1ère
Le reportage de France 3 Aquitaine
Ce mardi 4 juin, Annick GIRARDIN a assisté à l’hommage rendu à Michel CREPEAU pour le 40e anniversaire de son élection à l’Assemblée nationale.
Figure emblématique de la Gauche radicale, plusieurs fois ministre, il avait aussi été depuis 1971 un maire très apprécié et très actif dans les domaines de l’environnement et de qualité de vie de la ville de La Rochelle.
Michel CREPEAU s’est effondré dans l’Hémicycle le 23 mars 1999, alors que, depuis le « Perchoir », il tançait le gouvernement JOSPIN qui voulait baisser le taux du Livret A. Il décèdera une semaine plus tard.
Dans un courrier adressé le 1er avril 1999 aux membres du Conseil municipal de La Rochelle et à la Fédération du PRG de Charente Maritime, le Président de la Fédération locale du PRG, Yannick CAMBRAY écrivait : « Son talent oratoire inimitable, sa fidélité, sa fougue, son enthousiasme, la sincérité de ses propos et de ses convictions laissent un grand vide au sein de la « famille » radicale, tant en métropole qu’à Saint-Pierre-et-Miquelon. »
Pour mémoire, en septembre 1984, Michel CREPEAU, alors Ministre du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme était venu en visite officielle dans l’Archipel. Comme une plaque commémorative le rappelle encore aujourd’hui dans l’entrée de la CACIMA, il avait à cette occasion inauguré le nouveau bâtiment de la Chambre de Commerce de Saint-Pierre.
Hier, à, l’Assemblée, c’est un poignant hommage qui a été rendu à ce combattant du radicalisme par des personnalités politiques venues témoigner de son engagement au service de la Gauche.
Etaient présents :
- le Premier ministre, Jean-Marc AYRAULT
- le Ministre des Affaires étrangères, Laurent FABIUS
- le Président de l’Assemblée nationale, Claude BARTOLONE
- le Garde des Sceaux, Christiane TAUBIRA
- la Ministre PRG du Tourisme et de l’artisanat, Sylvia PINEL
- le Président du PRG (son ami), Jean-Michel BAYLET
- le Sénateur Jean-Vincent PLACE (ex-collaborateur du Député-Maire CREPEAU)
Tous les députés Radicaux de Gauche, dont Annick GIRARDIN et une délégation d’élus de La Rochelle
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