Depuis le 30 novembre au Bourget près de Paris, les négociateurs climatiques des 195 pays participants à la COP21 débattent pour trouver un accord. L’objectif étant de limiter le réchauffement climatique en dessous de 2°C. Lundi, dans son discours d’inauguration, François Hollande s’est positionné en faveur d’un accord « différencié, universel » et « contraignant » alors que les États-Unis essayent de le repousser.
Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et président de la COP21, a affirmé qu’il fallait « accélérer le processus ». Or, il reste encore beaucoup de questions en suspens telles que les inégalités entre les pays riches et les pays pauvres. Une problématique qui s’impose dans les discussions avec la publication mercredi d’un rapport de l’ONG Oxfam. Il souligne que 10 % des plus riches de la planète génèrent « 50 % des émissions de CO2 mondiales » alors que « La moitié la plus pauvre de la population mondiale (…) n’est responsable que de 10 % des émissions de CO2 ».
Paris vient de faire une donation de 1 millions d’euros au Fonds vert pour le climat, mis en place par les Nations Unies en 2010 afin de financer la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement. Un message fort envoyé par Paris, première ville donatrice, aux pays du Sud.
Après cinq jours de débats, quel premier bilan peut-on tirer de la COP21 ? Les pays du Sud devront-t-ils payer pour les pays riches ?
Annick Girardin, Secrétaire d’État au Développement et à la Francophonie, invitée par Arnaud Ardoin, a débattu sur le plateau de Ça vous regarde avec
Rémi Allah-Kouadio, Ministre ivoirien de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable.
Corinne Lepage, ancienne Ministre de l’Environnement et présidente de CAP21LRC.
La secrétaire d’Etat s’est rendue hier et aujourd’hui au Gabon. Aux côtés de Ségolène Royal, elle fait sur le terrain le point sur la lutte contre la déforestation dans le Bassin du Congo et a inauguré le centre de réception satellitaire du Gabon, crucial contre la dans cette lutte et conçu en partenariat avec des acteurs français comme l’IRD et le CNES.
Au New York Forum Africa, elle s’est exprimé sur la lutte contre le réchauffement climatique et l’avenir de l’Afrique et de la francophonie et a rencontré des chefs d’entreprises français qui investissent sur ce continent pour parler RSE et formation des jeunes.
La secrétaire d’État a participé ce soir au lancement du Fonds Schneider Electric pour l’électrification en Afrique. Ce dispostif public-privé se fixe pour objectif de fournir de l’électricité à 1 million de foyers d’ici à 2025 en Afrique subsaharienne.
« Ce fonds illustre ce qu’un nouveau partenariat pour le financement du développement peut produire de meilleur et qu’il existe un secteur privé capable de concilier des objectifs de rentabilité, un souci d’impact sociétal et une rigueur éthique,» a déclaré Annick Girardin qui a été également interviewée par Radio Classique.
Monsieur Jean-Pascal Tricoire, Président Directeur Général de Schneider Electric,
Mesdames, Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis d’être avec vous ce soir pour le lancement du Fonds Schneider pour l’accès à l’énergie en Afrique subsaharienne, un fonds qui illustre, une nouvelle fois, la capacité d’innovation du secteur privé au service du développement économique et social des pays du Sud.
Je dis une nouvelle fois car nous étions, pour beaucoup d’entre nous, déjà réunis ici en février dernier pour le lancement du fonds Livelihoods pour l’agriculture familiale, porté par Danone et Mars. Nous étions également réunis, le 2 juin dernier, ici-même, pour lancer l’initiative de l’AFD en faveur des entreprises sociales, une initiative destinée à accompagner, aussi, le financement de ce type de fonds à impact social et environnemental.
La multiplication de ces initiatives renforce ma conviction qu’il existe un secteur privé capable de concilier des objectifs de rentabilité, un souci d’impact sociétal et une rigueur éthique.
Votre initiative, elle illustre aussi parfaitement les dynamiques à l’oeuvre dans cette année 2015. En mettant au coeur de ce fonds les solutions bas carbone pour l’accès à l’énergie, vous faites votre notre objectif commun : construire un monde sans carbone et sans pauvreté. Cela ne va pas toujours de soi, et je tiens à saluer votre approche, qui met au coeur des enjeux économiques la question du climat. Les énergies renouvelables sont au coeur de l’agenda des solutions que nous promouvons. Elle illustre parfaitement l’Afrique des solutions que je croise aussi partout sur le terrain.
Votre fonds, c’est déjà un fonds construit pour répondre aux enjeux de la nouvelle génération d’objectifs du développement durable que le monde adoptera à New-York en septembre.
C’est une contribution exemplaire au financement du développement, et l’illustration de ce que le « nouveau partenariat pour le financement du développement » peut produire de meilleur.
Cette mobilisation de tous, entreprises, collectivités, ONG, Etats, elle sera au coeur de la conférence d’Addis Abeba dans quelques semaines. Cette mobilisation, elle était déjà présente dans le rapport Faber/Naidoo, qui m’a été remis ici il y a un an, et auquel Schneider avait contribué _ je vous en remercie au passage _. Cette mobilisation de tous, elle fait converger sur un territoire les préoccupations économiques, sociales et environnementales, au service du développement durable de la planète. Notre responsabilité, aujourd’hui, en 2015, c’est changer d’échelle, de passer de l’expérimentation à l’action de grande ampleur. Votre fonds y contribue.
Au-delà des concepts, et je sais que comme moi vous vous intéressez plus aux enjeux de terrain qu’aux grands concepts, l’intervention du Fonds contribuera à l’un des grands objectifs de la COP21 : donner accès à tous à l’énergie durable, en
particulier en Afrique. La France s’est battue au G7 pour qu’une grande initiative vienne soutenir l’accès à l’énergie moderne et durable en Afrique. Comme le rappelle fréquemment Jean-Louis Borloo, que je salue ici, l’absence d’accès à l’énergie freine, voire compromet, le progrès social et le développement économique de régions entières.
L’absence d’énergie, c’est un poison qui tue lentement en Afrique, dans les maisons où l’on utilise encore la lampe à pétrole et le bois pour la cuisson. Ce fonds, en mettant l’accent sur l’accès à l’électricité pour les populations de la base de la pyramide, entend apporter des réponses à cette fracture énergétique.
C’est un défi. Je veux insister sur ce point, car je sais que vous le partagez, cher Jean Louis, cher Jean Pascal. L’électrification rurale, vous le savez bien, c’est la priorité, et ce n’est pas forcément là où nous sommes les meilleurs. On ne parle pas toujours, ici de grands projets, de centrales solaires, de barrages, mais bien plus souvent de systèmes hybrides, de panneaux solaires « hors réseaux ».
Nous sommes parfois loin des systèmes centralisés, et le Fonds que nous lançons ce soir, il doit justement répondre à ce défi, en appuyant les PME.
Le soutien aux PME, voici un deuxième axe fort de ce projet qui mérite d’être souligné. Ce n’est pas Jean-Michel Severino, ici présent, qui me démentira. Le soutien aux PME africaines, qui passera par des financements adaptés et des programmes d’assistance technique, est un enjeu majeur pour l’économie africaine et pour l’accès à l’emploi de ces milliers de jeunes qui arrivent chaque jour sur le marché du travail. L’emploi des jeunes, c’est ma priorité, c’est la nôtre. Si nous la négligeons, elle nous rattrapera ; accompagner ces jeunes sur le chemin de l’emploi et de la dignité, c’est parfois compliqué, mais c’est décisif.
Ainsi, vous l’aurez compris, parce qu’il est à la croisée d’enjeux décisifs pour notre futur commun, je suis particulièrement heureuse de lancer, ici, ce fonds pour l’accès à l’énergie en Afrique subsaharienne.
C’est un très beau succès, sur le berceau duquel de nombreuses fées se sont penchées : La Commonwealth Development Corporation, le DFID, la Banque européenne d’investissement, le fonds FISEA de Proparco, l’OFID, qui fonds OPEP pour le développement international] et le Fonds Français pour l’Environnement Mondial, piloté par l’Agence française de développement
Je souhaite les saluer, partenaires audacieux de cette aventure.
Et je souhaite redire combien cette mobilisation entrepreneuriale pour les enjeux de la planète, est un très grand atout pour la France.. C’est un renouvellement de la relation économique avec l’Afrique, comme la porte la fondation AfricaFrance de Lionel Zinsou, Lionel que je salue également, mais qui est loin ce soir, car appelé à de nouvelles fonctions : vous le savez, il est récemment devenu premier Ministre du Bénin.
Cher Jean-Pascal Tricoire, je souhaite le plein succès à ce fonds et j’appelle, bien sûr, à d’autres initiatives de ce genre … ne nous arrêtons pas en si bon chemin … nous nous engageons bientôt pour la mise en oeuvre des objectifs de développement durable post-2015, et pour la COP21 bien sûr. A cet effet, la mobilisation la plus large est nécessaire.
Annick Girardin participait aujourd’hui à une Conférence internationale sur la République Centrafricaine, puis au Conseil des Ministres des affaires étrangères de l’UE sur le développement. La Conférence Internationale sur la République Centrafricaine a permis de faire le point sur les avancées et les perspectives dans la reconstruction de la Centrafrique, notamment à travers l’apport de « Bêkou », un fonds qui met en commun les efforts de solidarité des pays membres pour le développement de la République Centrafricaine. Cette conférence a également permis d’encourager la mobilisation des pays membres pour aider la Centrafrique à clore son processus de transition et à pérenniser pour les centrafricains l’accès aux services sociaux et administratifs.
Annick Girardin a traité notamment du financement du développement, de l’agenda post 2015, des questions de genre et des migrations :
Il y a deux grands rendez-vous ici aujourd’hui à Bruxelles, avec ce matin le sujet de la République centrafricaine, et la mobilisation de la communauté internationale, et cet après-midi le Conseil Affaires étrangères-développement.
L’objectif de la réunion de ce matin, après Washington –puisque nous étions à la réunion de Washington il y a quelques semaines- c’était de mobiliser la communauté internationale avec des objectifs d’appuis financiers complémentaires à la RCA, la RCA qui a aujourd’hui réussi à conduire un certain nombre d’évolutions, que ce soit en matière de sécurité ou en matière de restructuration de la gouvernance.
Je voudrais aussi pointer le succès du fonds fiduciaire Békou de l’Union européenne. C’est le premier fonds de cette nature. On voit qu’il permet d’aller plus vite, d’être plus efficace, de décaisser et d’instruire plus rapidement –ce sont souvent les difficultés des fonds fiduciaires multilatéraux.
Les appels à la mobilisation ont été entendus aujourd’hui, puisque nous sommes à environ 150 millions d’Euros de contributions annoncées ce matin. On va sans doute frôler les 200 millions, sans compter la Banque mondiale et l’Union africaine. C’est donc potentiellement un vrai succès. On le saura d’ici la fin de journée.
Il était important qu’on puisse redire qu’il y a plusieurs priorités, notamment la première : les élections. Il manquait 20 millions de dollars pour finaliser la préparation des élections qui doivent se dérouler avant la fin 2015. C’eut été terrible qu’on remette en cause le travail de deux années parce qu’il manquait 20 millions. Comme autres priorités dans l’accompagnement au gouvernement de transition, il y a par ailleurs également le désarmement, la justice, je l’ai rappelé ce matin dans mon discours.
Il faut aussi se féliciter de la présence ici aujourd’hui de la Présidente de la République centrafricaine, Mme Samba-Panza, qui tout à l’heure a lancé un appel à la communauté internationale. L’ensemble du gouvernement de RCA est très actif. J’ai pu les rencontrer à différentes réunions à New York, à Washington, qui ont pu être mises en place. Car la RCA reste un orphelin de l’aide, tout simplement parce que l’on a plusieurs crises concomitantes aujourd’hui, et la RCA est moins portée, notamment par les médias, et donc elle mobilise moins.
Cet après-midi se tiendra par ailleurs un « Conseil Affaires étrangères-développement », avec à l’agenda la préparation de la conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement qui se tiendra en juillet prochain, les migrations, le genre, et puis le renforcement de l’engagement de l’UE pour les sorties de crise.
S’agissant d’Addis-Abeba, ce sera un des trois grands moments internationaux importants cette année qui doivent nous conduire à repenser notre mode de soutien au développement durable. En juillet il y aura Addis-Abeba, puis la définition des objectifs de développement durable en septembre avec la finalisation de l’Agenda post-2015, puis la Conférence climat à Paris en décembre prochain. On voit donc bien qu’Addis-Abeba sera une étape, d’où l’importance que nous y accordons.
Il faut moderniser notre vision du développement. Elle doit être plus large, avec davantage d’acteurs et d’instruments qui impliquent à la fois le public et le privé. Ban Ki-Moon sera là ce soir pour l’évoquer.
L’aide au développement, c’est bien sûr l’objectif de 0,7% d’aide publique au développement par rapport au PIB, objectif qui sera réaffirmé à Addis-Abeba, mais au delà, c’est aussi une solidarité qui doit s’exprimer pour les pays les moins avancés (PMA). Addis-Abeba sera un rendez-vous important et il faudra un positionnement UE solide et qui doit être arrêté tout à l’heure.
Annick Girardin a représenté aujourd’hui la France à la cérémonie officielle de signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali qui s’est déroulé à Bamako.
Dans son discours, la secrétaire d’État s’est félicitée de cette avancée majeure et de l’esprit de compromis qui a entouré la conclusion de cet accord, paraphé hier à Alger par l’ensemble des parties. Elle a appelé à la poursuite du dialogue entre tous les Maliens pour faire face aux enjeux de sécurité et de développement.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs les chefs d’État et chefs de délégation,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU,
Je tiens, en premier lieu, à vous remercier, Monsieur le Président de la République, et à travers vous, tout le Mali, qui nous accueillez aujourd’hui chaleureusement pour cette cérémonie de signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
C’est avec un sentiment d’accomplissement et d’espoir que nous sommes rassemblés ici. Accomplissement, car les négociations d’Alger sont aujourd’hui achevées au terme d’un long mais nécessaire processus de dialogue. Je tiens, au nom du Président de la République, à féliciter et remercier tous ceux qui se sont impliqués depuis l’été dernier, avec ténacité et patience, pour les mener à bien.
Espoir aussi, car cet accord, c’est avant tout l’accord de tous les Maliens. Des Maliens qui ont su surmonter leurs mésententes afin de sauvegarder l’essentiel : leur unité et la paix. C’est aussi le résultat de la mobilisation de toute la région, et spécialement de l’Algérie, dont je salue une nouvelle fois le formidable travail de médiation, mais aussi des autres pays du Sahel, du Burkina Faso à la Mauritanie, du Niger au Tchad, qui ont su dialoguer avec les uns et les autres afin de faire émerger des solutions.
Cet accord, c’est aussi le fruit de l’implication de toute la communauté internationale, des Nations unies, de l’Union africaine, de l’Union européenne et de l’Organisation de la coopération islamique, qui sont représentées aujourd’hui. La France, partenaire historique du Mali, a apporté sa contribution à cette mobilisation et vous savez l’importance que le président de la République François Hollande attache à sa relation avec ce pays. La France salue la décision courageuse du gouvernement malien et des groupes qui ont signé l’accord aujourd’hui. Certains groupes ne sont pas représentés mais leur déplacement, hier, à Alger, où ils ont paraphé le texte, est un signal très positif.
Parvenir à cet accord a supposé des concessions, de part et d’autre. Mais le texte peut répondre aux objectifs de chaque partie et ouvre la voie à la poursuite des échanges et du dialogue. Il offre, surtout, un cadre global et inclusif pour la paix, la stabilisation et le développement dans l’ensemble du pays, alors même que la situation dans la région est fragile.
La dynamique doit être maintenue, en commençant, dès à présent, avec l’ensemble des acteurs, le travail sur l’accompagnement, le suivi et la mise en œuvre effective de l’accord dans tous ses volets. Le comité de suivi, dont la France fera partie avec les principaux acteurs internationaux concernés, permettra de s’assurer qu’un suivi et un accompagnement effectifs seront assurés. Cela avait fait défaut dans le passé, lors de précédents processus de paix et ce sera, cette fois-ci, une garantie forte de la communauté internationale pour l’ensemble des parties.
Mesdames et Messieurs, nous sommes lucides. Nous connaissons les défis qu’il reste à surmonter pour cimenter cette unité retrouvée et prendre le chemin d’une prospérité inclusive et durable. C’est pourquoi la France restera présente aux côtés du Mali dans cette étape décisive et notre aide au développement contribuera à montrer aux populations les effets concrets de la paix.
Depuis 2014 et jusqu’en 2018, la France, premier bailleur bilatéral du Mali, met en œuvre près de 500 millions d’euros d’aide au développement. Nos projets concernent l’ensemble du territoire, et, comportent, notamment, près de 80 millions d’euros pour les régions du nord du pays.
Dans cette étape qui s’ouvre, j’appelle solennellement au maintien du cessez-le-feu. C’est essentiel pour garantir la mise en œuvre de l’accord. Cela implique que l’ensemble des acteurs armés doivent s’abstenir de toute violence sur le terrain. Je rappelle, à ce titre, que nous avons lancé, au Conseil de sécurité, la réflexion sur la mise en place d’un régime de sanctions contre ceux qui entraveraient le processus de paix, notamment en violant le cessez-le-feu.
Il n’y a pas d’alternative au processus de paix, alors que le Sahel fait toujours face à la menace terroriste et au crime organisé. Seule l’alliance de tous les Maliens attachés à vivre en paix dans un Mali uni et fier de sa diversité, permettra, nous le croyons, de briser le cycle des crises.
Je pense que chacun mesure, aujourd’hui, le caractère historique de ce moment, qui engage toutes les parties à cet accord, mais aussi tous ceux qui ont contribué à sa conclusion.
Vive les faiseurs de paix. Vive la paix.
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