Archive pour la Catégorie 'Francophonie'

En Arménie, dernier pays à avoir adhéré à l’OIF (2/2)

Annick Girardin a conclu son déplacement de deux jours en Arménie par des entretiens avec Serge Sarkissian, Président de la République, et avec les ministres des Affaires Étrangères et de l’Éducation. Ces rencontres ont permis de faire avancer plusieurs projets franco-arméniens liés à la francophonie culturelle et à la francophonie économique.

En marge du déplacement, la secrétaire d’État a déposé une gerbe au mémorial du génocide arménien. Interrogée par les media arméniens, elle a rappelé que :

face à la barbarie dont les nationalismes sont capables, nous ne devons jamais cesser de promouvoir la paix et le dialogue entre les cultures.

En Arménie, dernier pays à avoir adhéré à l’OIF (1/2)

Sortie de l'Ambassade d'ArménieAnnick Girardin est depuis ce matin et jusqu’à demain en visite officielle à Erevan.

L’Arménie est un pays de tradition francophile où la francophonie est largement identifiée à la France, au regard de nos relations historiques et de l’importance de la diaspora d’origine arménienne en France.

Membre à part entière de l’Organisation Internationale de la Francophonie depuis 2012, l’Arménie a réaffirmé récemment son attachement  à la francophonie en accueillant la 31ème conférence des ministres de la Francophonie à Erevan les 10 et 11 octobre 2015.

Invitée à l’Alliance française et à l’Université française en Arménie, la Secrétaire d’État a tenu un discours sur les perspectives de l’enseignement et de la diffusion du français :

Avec des personnalités francophones du monde culturel arménien

Mesdames et Messieurs,
Chers étudiants,
 
L’Université française en Arménie est devenue depuis une décennie une étape inévitable pour un visiteur en Arménie. Le Président de la République française, François Hollande, était d’ailleurs ici le 24 avril dernier pour un échange avec ses étudiants. C’est donc pour moi tout à la fois un grand honneur mais aussi une véritable joie d’être parmi vous aujourd’hui, et de pouvoir m’exprimer devant autant de jeunes qui ont choisi de suivre des études dans cette langue que nous avons en partage, le français, et de poursuivre leur formation supérieure à l’UFAR, dans cette institution de référence par la qualité de ses enseignements et de ses diplômes français et arméniens.
 
Depuis longtemps, bien avant le drame du génocide, nos deux pays, nos deux peuples, ont mêlé leurs destins. Et aujourd’hui, vous êtes, l’incarnation du lien fort qui existe entre nos deux pays, fait d’amitié, d’admiration, et de confiance.
 
Or, à l’heure des défis globaux qu’il nous faut relever (migration, lutte contre le terrorisme, menace de récession économique, réchauffement climatique), nous devons nous unir plus que jamais au sein d’espaces de solidarité privilégiée, autour de valeurs communes, de valeurs universelles, qui fondent notre humanité : fraternité / solidarité, ouverture, écoute, dialogue, plaisir d’être ensemble, différents.
La Francophonie est un de ces espaces de solidarité privilégiée qu’il faut enrichir sans cesse avec des idées neuves en se tournant prioritairement vers vous, la jeunesse francophone en attente de solutions mais aussi porteuse de renouveau : voici une des ambitions que je soutiens avec force en tant que Secrétaire d’État au Développement et à la Francophonie pour tous les pays qui ont la langue française en partage.
 
Cet espace francophone comme lieu de solidarité privilégiée, il est d’abord géographique. En effet, pris dans sa seule dimension Europe-Afrique, c’est trois fois la superficie de l’UE : de la Belgique au sud-est de la RDC en passant par Erevan, on est, dans tous ces territoires, capable de s’exprimer en français !
 
Mais la francophonie, ce n’est pas qu’un espace géographique, c’est aussi un espace culturel avec comme doctrine la défense du plurilinguisme.
Plurilinguisme que vous connaissez bien puisque vous aussi vous évoluez dans un contexte où cohabitent votre langue, l’arménien, mais aussi l’importance non négligeable de la langue russe, héritée de l’histoire, et où la place de l’anglais croit de jour en jour. Dans cette dynamique, le français a toute sa place, et la cohabitation de toutes ces langues est, et doit être, conçue comme un enrichissement et une chance à saisir.
 
La  francophonie, c’est aussi un espace de  dialogues avec la diversité du monde : dépasser les clivages classiques Est-Ouest ; considérer l’égale importance et dignité de toutes les cultures sans domination de l’anglais ou d’une autre langue.
 
Cet espace francophone est enfin un écosystème qu’il faut développer en vue d’un  développement durable, et en faveur de entrepreneuriat et l’emploi pour les jeunes et les femmes :
  • Le français est la 3ème langue des affaires : pas uniquement langue littéraire ou diplomatique, mais langue d’innovation, de développement au sens large (économique, social), du numérique dans un monde toujours plus dématérialisé et connecté.
  • le français met les gens en réseau, renforce les liens au sein d’un espace économique décomplexé, où l’esprit d’entreprendre se décline avec fierté et conviction en français. C’est toute l’idée d’une « francophonie économique » : celle de développer un système capable de répondre de manière pragmatique aux attentes et besoins de la jeunesse. C’est un vaste chantier, ambitieux mais possible pour les francophones des 5  continents et ses entrepreneurs innovants !
Mon engagement dans la défense et la valorisation de cette francophonie, il est ancien, personnel avant d’être professionnel
 
Issue d’un territoire d’outre-mer entouré d’Américains et de Canadiens anglophones, je sais ce que c’est que de lutter pour sa langue !
De mon expérience de ‘francophone nord-américaine’, je tire les enseignements suivants sur la francophonie :
  • Ce n’est pas que la France : Les français sont statistiquement minoritaires dans la famille francophone (un quart)
  • Ce n’est plus la Françafrique, avec d’un côté une France réputée dirigeante et arrogante et de l’autre des populations d’autres espaces périphériques francophones subissant une ‘’langue française tueuse de leurs langues nationales’’. Comme le disait un ancien premier ministre haïtien, « Nous ne sommes pas locataires de la langue française, nous en sommes les copropriétaires »
  • C’est l’Afrique, bien évidemment, mais également,
  • Les Amériques, avec plus de 33 millions de locuteurs avec un véritable réseau des villes francophones et francophiles
  • L’Asie, le Pacifique,
  • L’Europe et le Caucase: amis belges, suisses, arméniens… mais également 15 millions de locuteurs français en Allemagne…
 C’est des centaines de « cœur », dont celui de la France, chacun possédant un rythme différent. Plus qu’un cercle avec un centre, c’est un espace avec des centres partout
 Un de ces centres, un de ces cœurs, est l’Arménie.
 
 L’Arménie est depuis toujours très francophile et particulièrement attachée à la langue française et à sa culture.  Depuis le Sommet de Kinshasa (octobre 2012), une étape a été franchie avec son adhésion à l’OIF et la signature à cette date d’un « Pacte linguistique » qui marque sa volonté d’approfondir son inscription dans la communauté internationale francophone en développant la place du français dans l’enseignement, en favorisant l’accès aux produits culturels francophones, en encourageant l’usage du français dans les administrations et dans les relations économiques (tourisme).
 
En 2016, en Arménie, on compte désormais d’environ 40 000 élèves et étudiants de français, chiffre en augmentation de 14,3% depuis 2012 ce qui montre l’engouement des arméniens pour la langue française :
  • l’école française en Arménie est de plus en plus fréquentée, par quelques jeunes Français bien sûr, mais surtout par de jeunes Arméniens, qui deviendront bientôt vos successeurs sur ces bancs
  • 5 écoles dispensent des cours de français renforcé avec trois heures de français supplémentaire par semaine dont bénéficient plus de 400 élèves
  • le lycée franco-arménien 119, s’il doit encore se développer, délivrera cette année pour la première fois des diplômes avec mention « bilingue francophone », facilitant la poursuite d’études universitaires en France ou ici, à l’UFAR.
Enfin, Erevan a accueilli, en octobre 2015, le Conseil permanent de la Francophonie et la 31ème Conférence ministérielle de la Francophonie, preuve de son engagement francophone en matière de relations internationales et de l’importance de la francophonie comme lieu de dialogue politique pour l’Arménie.
Un environnement favorable à la francophonie, avec un pacte qui a permis d’accroitre la mobilisation du pays en faveur de la langue française donc où, néanmoins, des défis sont encore à relever pour réaffirmer les orientations, la visibilité  et les priorités d’une francophonie dynamique en Arménie.
 
Sont attendus  ainsi des engagements plus importants en faveur du français dans les programmes scolaires et la mise en place d’une politique éducative et linguistique pro-francophone menée par le ministère de l’éducation arménien, un soutien à la continuité et au développement des filières de français renforcé et de la filière bilingue, mais aussi le suivi de dossiers comme l’intégration de TV5 Monde à la TNT arménienne afin d’offrir une intéressante opportunité sur le plan pédagogique pour la diffusion de la langue française dans le pays.
 
Tous ces enjeux que l’Arménie va devoir encore relever ne doivent pas faire oublier l’intérêt réel pour le français qui existe chez les jeunes arméniens et l’attractivité que l’UFAR représente en tant qu’institution synonyme de réussite et d’excellence.
 
Avec  1 200 étudiants inscrits à la rentrée 2015, il y a près de 20 % de plus d’étudiants à l’UFAR que l’année passée. Offrant un enseignement d’excellence dans les domaines du droit, de la gestion, de la finance et du marketing, l’UFAR est aussi un modèle de gouvernance universitaire et d’éducation aux valeurs européennes et francophones.
Vous évoluez ici dans un environnement ouvert sur le monde et les autres, où la langue française et sa culture rayonnent et où la francophonie est belle et bien concrète puisque c’est vous qui portez haut ses couleurs.
 
Et les résultats sont là : tous ceux qui en sortent occupent rapidement des positions à responsabilité en Arménie notamment au sein d’entreprises françaises, les diplômes français (diplôme de licence ou de master délivrés par l’Université de Lyon 3) et arméniens obtenus étant reconnus comme gage de qualité. Le taux d’insertion professionnelle avoisinant les 80 % par promotion, l’UFAR est la preuve indiscutable de l’apport de la francophonie dans la zone du Caucase et explique le projet en cours d’une ouverture accrue dans la région en direction d’étudiants géorgiens, iraniens, voire russes.
Membre titulaire de l’Agence universitaire de la Francophonie, depuis le 15 mai 2006, comme 5 autres universités arméniennes, l’Université française en Arménie, coopère notamment depuis plusieurs années avec l’Agence pour le financement de mobilités enseignantes dans le cadre de son partenariat avec Lyon 3 pour une meilleure formation de ses enseignants.
Elle abrite et orchestre également la chaire Senghor d’Arménie depuis 4 ans, et a récemment choisi de la spécialiser dans le droit, ce dont je la félicite. En effet, que la chaire Senghor puisse mobiliser aujourd’hui des experts venus de Géorgie, d’Arménie et de France sur des thématiques d’actualité juridique - hier sur la gestation pour autrui (GPA) et en avril prochain sur la gouvernance des entreprises – est déjà un premier très grand succès qui témoigne de l’importance de la francophonie utile, celle qui répond aux attentes et aux besoins des pays qui relaient la francophonie.
Je tiens donc à vous saluer futurs diplômés de l’UFAR qui vous trouvez devant moi : vous êtes une fierté et une chance pour la France comme pour l’Arménie.
Vous incarnez la vitalité de leur relation et la confiance dans leur avenir et votre attachement à la langue française vous inscrit même au-delà de cette relation privilégiée, au sein d’un espace francophone multiple et divers.
Vous voyant si nombreux aujourd’hui, j’en ai la conviction cet attachement et ce lien si précieux entre l’Arménie et la francophonie durera encore longtemps.
 
Je vous remercie de votre attention. 

Remise des insignes de Commandeur de l’Ordre du Mérite agricole à Fabienne Thibeault

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Dicours de remise des insignes de Commandeur de l’Ordre du Mérite agricole à Fabienne Thibeault

 
Chère Fabienne,
Je suis très heureuse de vous accueillir ici, sur le site de Convention, au milieu de ceux qui vous sont chers, pour cette remise de décoration de Commandeur dans l’ordre du Mérite agricole.
Française d’Amérique du Nord, je vous connaissais bien avant votre succès en Europe. Voisine du même espace géographique francophone, je vous écoutais depuis Saint-Pierre-et-Miquelon, et j’ai plaisir à nous savoir réunies aujourd’hui.
Fabienne Thibeault, vous êtes une chanteuse engagée. Et, pour paraphraser Joséphine, vous avez deux amours ; la chanson et l’agriculture. Mais c’est à votre engagement « agricole » que nous allons nous intéresser aujourd’hui.
Je ne reviendrai donc pas sur votre carrière de chanteuse que nous avons découverte en Europe au moment de la création de Starmania
où vous incarniez « Marie-Jeanne », la serveuse automate.
Permettez-moi toutefois, en ma qualité de Secrétaire d’Etat chargée de la Francophonie, de vous dire combien je me réjouis chaque fois que perdurent dans l’espace francophone, au sein des nouvelles générations, des chansons qui ont marqué l’histoire de la musique. Sachez, chère Fabienne, que ce classique de la chanson populaire « Un garçon pas comme les autres » est toujours très en vogue. On me dit même qu’en Haïti, il a récemment connu une deuxième fortune sur les réseaux sociaux. On vous en dira plus après…
Mais revenons « à nos moutons », si vous le voulez bien.
Depuis de longues années, vous vous intéressez « à cette France agricole et ses terroirs uniques au monde » en mettant votre notoriété et votre créativité au service des filières agricoles qualitatives, de la valorisation et la sauvegarde de races agricoles et, le tout, dans une perspective de durabilité. Vous êtes de tous les combats pour défendre la vache vosgienne, les vins de Givry, le cheval percheron ou le cochon cul noir du Limousin… Je ne les citerai pas tous ici !
Vous vous décrivez comme « Fabienne Thibeault, l’agriculturelle ». « L’enfance est le négatif de l’existence », disait André Gide. Très proche de vos grands parents cultivateurs, vous avez été baignée très jeune par les valeurs de travail et d’attachement à la terre, à cette terre charlevoisienne, majestueuse mais exigeante dans ce Québec au climat rigoureux.
Descendante de Normands et de Charentais, la mémoire du pays d’origine reste une valeur inscrite dans l’ADN de votre famille.
Vous avez donc eu à cœur de développer toute une série de supports pédagogiques et de spectacles afin de faire connaitre nos terroirs, leur histoire et leurs enjeux pour l’avenir. Vous avez écrit une comédie musicale intitulée « Notre terre », dans lequel vous mettez en avant nos terroirs et leurs produits. Votre mariage a d’ailleurs été l’occasion de mettre l’accent sur ces produits et a réservé une place d’honneur aux saveurs du Périgord.
En 2007, vous prenez en main le dossier de la race bovine canadienne afin d’en permettre la réintroduction dans le territoire de Charlevoix. Ce bovin, inscrit au livre des races françaises, avait quitté la France au XVIIème siècle pour la Nouvelle France.
Grâce à votre acharnement, vous avez réussi, avec l’aide de différents partenaires français, à doter le plan génétique de moyens ; le Québec, a d’ailleurs depuis rejoint ce plan.
Avec Claudy Lebreton, vous avez organisé un pôle de races bretonnes (dont la Froment du Léon) ainsi que la visite d’une délégation du Québec aux Terralies de 2012 à Saint Brieuc, ce qui a permis d’ancrer la légitimité de ce projet et d’en élargir le périmètre d’action.
 
Chère Fabienne,
Une chose saute aux yeux lorsqu’on se penche sur votre parcours de vie : vous avez une foi chevillée au corps, celle en la francophonie dans toutes ses dimensions.
Que ce soit en votre qualité de chanteuse, car vous restez une icône de la francophonie culturelle ; ou que ce soit en votre qualité d’Ambassadrice avant l’heure de la francophonie économique, qui s’est exprimée dans votre passion de longue date pour le terroir français et ses nombreux produits, il est tout à fait légitime que vous soyez aujourd’hui mise à l’honneur, ici, au Secrétariat d’Etat à la francophonie.
Car la francophonie peut être bien plus concrète qu’elle ne l’a été.
Il y a comme on dit un ‘frémissement’ depuis quelques temps autour de cette notion de francophonie économique. Certains comme vous l’avaient avant l’heure en leur cœur de cible. Aujourd’hui, les horizons se précisent, le concept s’affine. Il y a eu le rapport de Jacques Attali en 2014 sur « La francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable ». Nous avons eu deux grands rendez-vous sur ce sujet, un premier Forum à la marge du Sommet de Dakar en 2014, et un second cette année, ici même en octobre dernier. La nature transversale de la Francophonie économique y a été bien illustrée par la diversité des thèmes traités: entreprenariat, éducation, agriculture, médias, culture, climat, ville durable.
Face aux défis de notre temps, face aux crises trop nombreuses, politiques, économiques, migratoires, face à la violence qui se déchaîne et qui n’a pas épargné l’espace francophone, réinvestir ce dernier avec des idées neuves en se tournant prioritairement vers la jeunesse en attente de solutions, voilà l’ambition que nous nous devons d’avoir en partage. C’est toute l’idée de la ‘francophonie économique’ : celle de développer tout un écosystème capable de répondre de manière pragmatique aux attentes de notre jeunesse, au Nord comme au Sud.
C’est un vaste chantier, ambitieux, adapté à la jeunesse francophone des cinq continents, aux entrepreneurs innovants ; mais il est prometteur, surtout si comme vous, Chère Fabienne, on y croit !
Il met en avant les atouts que nous avons en partage : cette langue que nous aimons tant, que vous avez si bien servie ; des valeurs, avec au premier chef ce ‘culte’ pour l’humain, pour son travail qu’il nous faut respecter quand il est synonyme d’excellence. La Francophonie économique se développera naturellement si elle est ressentie comme un atout pour ceux qui la vivent. Le dynamisme est au rendez-vous : je le constate à chacun de mes déplacements dans l’espace francophone. Notre jeune génération est connectée, elle fourmille d’idées et de projets, comme nous avons pu le constater à travers ceux des lauréats du concours « La France s’engage au Sud ».
Chère Fabienne,
C’est pour ce beau parcours de défense des terroirs et des races qui sont l’emblème et la richesse de l’agriculture française, que la République vous a élevé au grade de commandeur du Mérite agricole le 21 juillet 2014. C’est pour ce parcours francophone si riche et diversifié que j’ai accepté de vous remettre aujourd’hui vos insignes.
« Fabienne THIBEAULT, au nom du Ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, nous vous faisons COMMANDEUR du Mérite agricole »

Remise de la légion d’honneur à Lise Kleinebreil

Annick Girardin a remis ce soir la Légion d’Honneur à Line Kleinebreil, vice-Présidente de l’Université Numérique Francophone Mondiale. Dans son discours, la secrétaire d’État n’a pas manqué de rappeler l’engagement de la Docteur et Ingénieure au service des malades atteint par le virus Ebola.

Décoration de Lise Kleinebreil

©FdeLaMure.MAEDI

Docteur Line KLEINEBREIL,
 
Il n’est pas facile de résumer en quelques phrases le parcours d’une vie comme la vôtre, qui fut – et reste – très riche en expériences et en rencontres. Cette vie fut placée sous le signe de la constance et de l’innovation, qui sont chez vous des notions complémentaires.
Constance dans votre vocation première, celle de transmettre, d’enseigner, héritée de vos quatre grands-parents, instituteurs, et de vos deux parents, professeurs de lycée. C’est dire si vous avez dès le berceau baigné dans les valeurs républicaines et laïques, incarnées notamment par votre grand-père Augustin Maurellet, résistant de la première heure, devenu député socialiste de Charente à la Libération.
Aînée de trois enfants, vous suivez la tradition familiale et, après un bac « Mathélem » et un CAPES de mathématique, vous commencez à enseigner cette discipline au sein du lycée – en construction – d’une ville elle-même en train de sortir de terre, Sarcelles.
 
Nous sommes au milieu des années Soixante, et vous avez, parmi vos élèves, de nombreux jeunes rapatriés d’Algérie, un peu perdus dans leur nouvel environnement. Comme eux, vous avez pris racine dans cette ville, au point d’y vivre toujours aujourd’hui.
Arrive mai 68. On réinvente, notamment, la pédagogie. C’est alors que commence à s’illustrer le deuxième trait de caractère que je mentionnais : votre goût de l’innovation. Vos méthodes d’enseignement novatrices des maths donnant des résultats, vous devenez bientôt conseillère pédagogique et partagez avec le reste du lycée et de l’académie votre expérience.
En parallèle, vous reprenez des études, à la faculté de médecine. Huit années jusqu’au doctorat, tout en travaillant à mi-temps au lycée et en élevant le jeune Florence, que je salue avec toute l’amitié que je lui porte.
Votre thèse porte sur la gestion informatisée du dossier médical, à une époque où l’informatique en est encore à ses balbutiements. Vous concevez ainsi, avec l’aide d’un ingénieur du CNRS, le premier dossier électronique introduit à l’Assistance Publique-hôpitaux de Paris.
 
Ayant quitté l’éducation nationale en 1982 pour ouvrir votre cabinet de généraliste à Pierrefitte, en Seine Saint-Denis, vous poursuivez néanmoins une double vie professionnelle en continuant à faire évoluer le système de gestion des dossiers de patients développé pendant vos études. Vous élaborez aussi des logiciels pour éduquer les patients diabétiques, former le personnel de santé, gérer la continuité des soins.
Quand on voit la place qu’a pris aujourd’hui le numérique dans le domaine de la santé, on peut dire que vous avez été une véritable pionnière.
Votre compétence reconnue vous conduira à occuper des responsabilités dans des programmes européens et internationaux, notamment dans le cadre de l’OMS, toujours sur les maladies chroniques et particulièrement le diabète.
Néanmoins, pour garder le contact avec les patients, vous avez conservé jusqu’à votre retraite un poste de médecin généraliste à temps partiel dans un centre de consultation mutualiste à Paris.
Votre dernier poste à l’APHP, au sein de l’équipe d’informatique médicale de l’hôpital européen Georges Pompidou, ouvrira une nouvelle page de votre action, centrée sur la télémédecine et la formation à distance. C’est dans ce dernier domaine que vous continuez d’être engagée, désormais bénévolement.
Dans le cadre de l’université numérique francophone mondiale (UNFM), dont vous êtes vice-présidente, vous avez développé des formations continues innovantes à destination des professionnels de santé exerçant dans les pays en développement, particulièrement les pays africains. Elles ont la particularité de fonctionner dans le sens nord-sud mais surtout sud-sud, ce qui est remarquable.
Je souhaite ici mentionner en particulier votre initiative remarquable de formation en ligne pour contribuer à la lutte contre l’épidémie d’Ebola. Vous avez su mobiliser, en urgence, des professionnels du Sud et du Nord pour partager les connaissances sur ce virus sur lequel nous savons si peu de choses encore. Encore bravo pour cela..
Votre aventure technologique et pédagogique la plus récente porte sur l’utilisation du téléphone portable pour la prévention et la prise en charge des maladies chroniques. Vous êtes dans ce cadre spécialement impliquée au Sénégal, avec le programme mDiabète, et cette action est particulièrement appréciée des associations luttant contre cette pathologie qui continue, hélas, de faire des ravages.
 
Quel sera votre prochain défi ? Je ne doute pas qu’il soit déjà en germe dans un recoin de votre esprit, ou dans celui d’autres personnes qui pensent déjà à vous pour le concrétiser.
Vous avez déjà accompli beaucoup et notre République vous marque aujourd’hui sa reconnaissance.
Madame Line KLEINEBREIL, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons chevalier de la Légion d’Honneur.

Déplacement au Gabon : forêt, climat, francophonie

La secrétaire d’Etat s’est rendue hier et aujourd’hui au Gabon. Aux côtés de Ségolène Royal, elle fait sur le terrain le point sur la lutte contre la déforestation dans le Bassin du Congo et a inauguré le centre de réception satellitaire du Gabon, crucial contre la dans cette lutte et conçu en partenariat avec des acteurs français comme l’IRD et le CNES.

Au New York Forum Africa, elle s’est exprimé sur la lutte contre le réchauffement climatique et l’avenir de l’Afrique et de la francophonie et a rencontré des chefs d’entreprises français qui investissent sur ce continent pour parler RSE et formation des jeunes.

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initiatives pour le Développement numérique de l’espace universitaire francophone, iDneuf

Annick Girardin a lancé hier avec Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la première réunion des ministres francophones de l’enseignement supérieur pour le développement de l’espace numérique francophone. Cette rencontre a permis de dresser l’état des lieux des ressources numériques dans l’espace universitaire francophone, d’évoquer les besoins et le rôle des universités et de réfléchir à une meilleure mutualisation des ressources existantes. Les ministres ont adopté une déclaration commune annonçant des mesures à cette fin.

iDneuf
Album : iDneuf
Réunion sur les initiatives pour le Développement numérique de l’espace universitaire francophone, iDneuf.
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Une quarantaine de délégations et trente-trois ministres francophones de l’enseignement supérieur ont participé aux débats. Ces derniers se sont déroulés au centre de conférences ministériel du ministère des affaires étrangères et du développement international, en présence de représentants de l’organisation internationale de la Francophonie et de l’agence universitaire de la Francophonie, après un discours de la secrétaire d’Etat :

Madame la Ministre, chère Najat,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers amis,
 
Je suis très heureuse de vous accueillir aujourd’hui au Ministère des affaires étrangères et du développement international. Nous sommes réunis dans le but de contribuer à relever ensemble un défi majeur : le développement du numérique dans l’espace universitaire francophone. Cet espace doit reposer sur l’une des principales forces que nous avons en partage : la langue française. Avec aujourd’hui 275 millions de locuteurs dans le monde, nous pourrions, si les prévisions des démographes s’avèrent exactes, être 750 millions de francophones d’ici à 2050. Ces projections ne doivent pas masquer le fait que notre langue et nos cultures ne seront partagées par le plus grand nombre – y compris dans des pays « dits francophones » – que si nous sommes en mesure de les rendre accessibles. Le déploiement des technologies numériques peut nous y aider, sans pour autant remplacer les autres outils de transmission de la langue et du savoir.
Investir dans le développement d’un enseignement supérieur d’excellence, porté notamment par l’outil numérique, représente une opportunité formidable de développement socio-économique pour l’ensemble de notre espace francophone, pour le rayonnement de sa diversité culturelle comme pour sa compétitivité économique.
Le numérique est aujourd’hui présent dans tous les domaines de notre vie quotidienne. Et il est tout à fait naturel que les modes de transmission du savoir et que nos systèmes de formation soient bouleversés par les avancées qu’apporte le numérique. Or, paradoxalement, ce sont peut-être nos systèmes d’enseignement  qui, pour l’instant, ont le moins rapidement intégré cet outil dans leur manière de fonctionner, leurs investissements, leurs dispositifs.
 
Les enjeux d’accès aux savoirs dans les pays francophones, notamment dans les pays émergents ou en voie de développement,  constituent autant de défis à relever.
J’en citerai quelques-uns :
  • Le défi de l’accroissement du nombre d’élèves potentiels, notamment sur le continent africain. Le pourcentage de la population qui a accès à l’enseignement supérieur y est actuellement relativement faible, de l’ordre de 7%. Il va fortement augmenter dans les prochaines années, en pourcentage et en valeur absolue. Dans certains pays, on assiste actuellement à une augmentation de la population étudiante de 15% par an, ce qui implique un renforcement inédit des capacités de l’infrastructure d’enseignement supérieur ;
  • Le défi du développement des infrastructures numériques, de manière à soutenir des formations supérieures accessibles au plus grand nombre – cela nécessite un accès fiable à l’énergie électrique, qui reste un problème dans de trop nombreux pays ;
  • Le défi  des contenus des formations, qui doivent être adaptés aux besoins de nos économies et à même de permettre l’insertion professionnelle de nos jeunes diplômés afin de les conduire vers l’emploi ;
  • Le défi, enfin, de l’humain. C’est un bouleversement pour l’apprenant d’être placé au centre d’une « pédagogie inversée », où les élèves commencent à se former avant de développer les interactions avec les enseignants. Et c’est un bouleversement pour les enseignants d’être moins des formateurs que des animateurs, des entraineurs, des « coaches » pourrait-on dire en bon français.
Nous avons tous conscience, ici, de ces défis : ils feront l’objet, aujourd’hui, d’une réflexion particulière dans chacun des quatre groupes de travail.
 
Je suis pour ma part convaincue que notre volonté politique nous permettra de les surmonter en nous appuyant sur les opportunités offertes aujourd’hui par le développement du numérique.
Le secteur des technologies numériques connaît globalement une très forte croissance. Il investit aujourd’hui tous les domaines, y compris celui du développement et de la francophonie. J’aurai d’ailleurs le plaisir d’accueillir ici-même le mois prochain avec Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique, une réunion autour d’entreprises innovantes impliquées dans ces deux domaines.
Je suis fière que mon ministère soutienne des « fablabs » ou « laboratoires de fabrication » africains ou promeuve la diffusion de l’enseignement de la programmation informatique.
La France soutient aussi de nombreuses initiatives structurantes à travers des institutions multilatérales telles que la Banque Mondiale et son Université virtuelle africaine, l’UNESCO et son programme de renforcement des capacités des universités par le numérique, la Banque africaine de développement qui finance la création d’universités numériques, et bien évidemment les très nombreux projets de l’Agence universitaire de la francophonie, dont je salue l’engagement dans la préparation de cette journée.
 
Fort de ces constats, il nous faut, à mon sens, unir et concentrer nos efforts dans le sens d’une mutualisation des services et des ressources, afin de de  diminuer les coûts et de stimuler une offre de de qualité.
Nous devons innover dans les méthodes pédagogiques et former les enseignants, sachant qu’environ un tiers d’entre eux partiront à la retraite dans les six prochaines années, remplacés par de jeunes enseignants qui pourront intégrer dès le départ dans leur pédagogie les avantages liés à l’enseignement numérique.
Nous devons aussi saisir l’opportunité de ce chantier en développement pour nous interroger sur l’adéquation des contenus des formations aux réalités du marché du travail : il ne s’agit pas de plaquer le numérique sur des filières ou des pédagogies existantes et parfois vieillissantes, mais bien de valoriser de nouvelles filières de formation favorisant l’insertion professionnelle des jeunes.
Pour cela, la question de la certification et de la valorisation des diplômes préparés en ligne dans l’espace francophone est clairement à l’ordre du jour. Car nous ne devons pas nous leurrer : l’enseignement supérieur est aujourd’hui, à l’échelon mondial, un véritable marché, compétitif. Si les acteurs francophones que nous sommes ne prennent pas à temps le train de la modernisation, en particulier par le numérique, ils seront supplantés par d’autres.
 
Votre présence aujourd’hui illustre notre volonté de développer sur tous ces sujets une coopération étroite entre francophones. Les réseaux qui nous unissent sont multiples et très concrets. Et j’aime quand la francophonie peut prendre ce visage concret. Ces réseaux devraient nous permettre de dessiner ensemble un nouveau paysage de l’enseignement supérieur, fait de nouvelles formes de pédagogie, impliquant nos gouvernements comme nos établissements d’enseignement supérieur, personnels enseignants et administratifs, étudiants et professionnels désireux de continuer à se former.
Notre objectif commun est bien de permettre aux jeunesses du Nord comme du Sud, dont j’ai fait ma priorité, d’être mieux armées à la fois pour être des citoyens, mais aussi pour trouver leur place sur le marché du travail et participer au développement économique de nos pays. C’est en mettant en commun nos énergies en faveur de la mise en place d’un grand espace unifié francophone de l’enseignement supérieur numérique que nous contribuerons à la diffusion et au partage des savoirs et de nos valeurs, qui sont notre bien commun.
Je terminerai en mentionnant Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche jusqu’en mars dernier, qui a porté ce projet de réunion ministérielle aujourd’hui devenu réalité. Je lui adresse un salut amical en notre nom à tous.
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