Dans quelques jours, les sympathisants de la droite et du centre désigneront leur candidat pour les élections présidentielles de 2017.
A défaut de proposer un projet de société tourné vers l’avenir, les candidats préparent une casse sociale sans précédent : suppression de l’ISF, mise en danger des services publics avec la suppression de 300 000 à 1 000 0000 de fonctionnaires, départ à la retraite à 65 ans et plus, suppression du compte pénibilité, suppression du statut de fonctionnaire et j’en passe…
En tant que ministre de la fonction publique et saint-pierraise et miquelonnaise attachée aux services publics de mon archipel, je m’inquiète d’une droite pour qui la suppression de postes est la seule boussole.
Derrière les boniments c’est la qualité de nos services publics pour la métropole et aussi pour l’outre-Mer qui est en jeu. Comment ne pas désorganiser l’hôpital ? Comment ne pas supprimer purement et simplement la fonction publique territoriale si l’on prône 1 000 0000 de postes en moins ? Comment garantir une école plus juste et soucieuse de réduire les inégalités avec moins d’enseignants ? L’équation est impossible.
La droite prend souvent en exemple nos voisins européens pour dire que la part de nos rémunérations publiques est trop élevée. Mais si l’on prend le temps de regarder dans le détail, on se rend compte que les choses ne sont pas si simples.
Il faut comparer ce qui est comparable.
En Allemagne ou au Royaume-Uni par exemple, qui affichent beaucoup moins d’emplois publics, les agents hospitaliers ou les enseignants ne sont pas considérés comme des fonctionnaires. Les embauches indirectes, plus élevées dans ces pays, ne sont pas non plus comptabilisées, alors qu’elles ont un coût élevé pour le contribuable !
Ce qui importe c’est l’emploi mobilisé pour des missions de service public. Et à ce titre il apparaît que la France n’est pas mieux dotée en ressources humaines que les autres !
D’autre part, en tant que femme de gauche, la logique strictement comptable qu’a choisie la droite n’est pas la mienne. Pour moi, notre modèle social n’est pas qu’un coût. Derrière les chiffres ce sont des femmes et des hommes qui œuvrent quotidiennement à l’intérêt général, qui accompagnent un projet de société, qui nous aident à faire face aux difficultés de la vie. Ce sont des infirmières qui nous soignent dans les hôpitaux, des Atsem ou des agents territoriaux qui aident nos enfants à grandir, d’autres qui entretiennent nos routes, des agents des affaires maritimes, pompiers ou garde-côtes qui assurent notre sécurité, d’autres encore qui répondent à nos appels en cas de détresse…
Entendons-nous bien : je ne dis pas que notre Fonction Publique est parfaite et qu’il ne faut surtout rien changer !
Les défis sont nombreux. De nombreux fonctionnaires vivent dans la précarité. D’autres ont totalement perdu le sens de leur engagement, la faute à des carrières sans horizons et à un management défaillant. La fonction publique tout entière n’est pas épargnée par les discriminations, malgré le sacro-saint concours d’entrée. Et de plus en plus de fonctionnaires, qu’ils soient policiers, enseignants ou personnel de santé, sont confrontés à des actes de violence intolérables de la part d’usagers, conséquences directe d’une défiance vis-à-vis de l’agent public.
Les chantiers que nous avons entrepris pour y répondre prennent du temps et commencent à porter leurs fruits. Nous allons continuer à revaloriser les fonctionnaires et à améliorer l’avancement dans les carrières des fonctionnaires jusqu’en 2020. Nous allons continuer à améliorer l’accompagnement des agents de terrains, sur des questions de laïcité, de formation, de gestion des ressources humaines, de mobilité ou de bien-être au travail. Nous allons continuer à ouvrir la fonction publique à la diversité de la France et de ses outre-mer, en travaillant sur les voies d’accès et de retour, sur l’apprentissage, sur la lutte contre les discriminations. Nous allons continuer à associer les fonctionnaires aux réflexions sur leur avenir à travers « Ma fonction publique se réinvente ».
Et surtout, nous allons continuer à refuser que les fonctionnaires soient systématiquement caricaturés, dévalorisés par le discours ambiant d’une droite qui a choisi la surenchère plutôt que la raison. Nous défendrons jusqu’au bout l’idée que le fonctionnaire incarne la République, sert les Français et garantit notre modèle social.
Quelques exemples de ce que propose la droite :
Alain Juppé : suppression de 250.000 à 300.000 fonctionnaires, augmentation du temps de travail
François Fillon : suppression de 600.000 fonctionnaires, passage aux 39H
Jean-François Copé : suppression du statut de la fonction publique
Bruno Le Maire : suppression de 1.000.000 fonctionnaires sur 10 ans
Nicolas Sarkozy : suppression de 300.000 fonctionnaires, passage à 37h
Nathalie Kosciusko-Morizet : suppression du statut de la fonction publique
Jean-Frédéric Poisson : non chiffré
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