Comme la majorité des Français, la question du climat me préoccupait depuis longtemps. Mais depuis près de 2 ans, le fait de constater les problèmes induits par le dérèglement climatique, sur le terrain – aux Samoa, aux Philippines, en Ethiopie, au Kenya, en Tanzanie, au Niger, au Cameroun, et même en France, comme à Saint-Pierre-et-Miquelon – cela a fortement augmenté ma sensibilité, mon engagement sur cette problématique. Et quand l’Accord de Paris a été acté par Laurent Fabius, après des heures d’attente et d’anxiété où l’on se demandait si on y arriverait ou pas, après des dizaines de déplacements ayant pour but de convaincre nos interlocuteurs, de mobiliser sur cette question, c’est vrai que nous avons vécu là un grand moment de joie. Pas seulement d’y être mais surtout de penser qu’à ce moment précis, l’humanité avait fait un pas de géant.
Bien sûr, l’accord de Paris ne s’arrête pas là et d’ailleurs, la France reste présidente jusqu’en novembre 2016 avant de passer le relais au Maroc. Nous avons donc la responsabilité de poursuivre la dynamique pour que l’Accord de Paris devienne réalité.
C’est d’ailleurs l’une de mes priorités. Depuis 2014, j’ai agi pour que les pays les plus vulnérables – les Etats africains, les Etats insulaires – puissent faire entendre leur voix et prennent part à l’accord proposé à Paris. En 2016, je serai pleinement mobilisée pour mettre en œuvre cet accord et assurer, en lien avec Laurent Fabius, que les engagements pris par les pays du Sud, mais aussi par les pays du Nord à l’égard des pays du Sud, soient tenus. Je continuerai à promouvoir et à mettre en œuvre le dispositif CREWS, un programme permettant de renforcer les systèmes d’alerte face aux catastrophes climatiques que mon équipe a conçu et porté au long de l’année 2015 jusqu’à son lancement en marge de la COP.
Ce souci de mise en œuvre, nous l’aurons aussi pour les objectifs du développement durable – les ODD. Ils ne doivent pas rester lettre morte et demeurer un catalogue de bonnes intentions. D’autant que ces ODD s’appliquent aussi à la France, et nous avons du chemin à faire pour les atteindre. Avec le ministère du développement durable, nous travaillons à engager cette dynamique en coordination avec les autres ministères et instances concernés.
Je souhaite aussi qu’une grande campagne d’information et de sensibilisation sur les ODD soit menée, en particulier en milieu scolaire. Car je reste convaincue que, face aux messages négatifs relayés en permanence, nous devons opposer une vision non pas naïve mais optimiste du monde vers lequel nous voulons aller.
L’ouverture au monde est un des moyens pour y parvenir. Et c’est pourquoi, la réforme de l’engagement citoyen des jeunes à l’international, débutée en 2015, sera finalisée en 2016. Cette réforme, je l’ai voulue pour que le volontariat international devienne plus accessible à des profils diversifiés et pour qu’il soit mieux valorisé et reconnu dans les parcours universitaires et professionnels.
Ces échanges ne doivent pas être à sens unique. Nous devons nous battre de façon concrète pour que des liens positifs se nouent, en particulier entre jeunes du Nord et du Sud. Ceux qui ont eu l’occasion de voyager avec moi en Afrique ou ailleurs, savent que je souhaite systématiquement rencontrer des jeunes engagés dans la société civile ou l’entreprenariat. Car au-delà des questions démographiques qui façonneront le monde de demain, ces jeunes du Sud constituent un véritable réservoir d’énergie et d’innovation. Et quand de surcroit ils sont francophones, j’en suis doublement comblée !
Même si les ministres du développement sont rarement les plus visibles – mes conseillers ont souhaité que je me laisse pousser la barbe pour faire le buzz… mais j’ai refusé – je suis persuadée que la politique de développement reste la clé d’un monde interconnecté, où les malheurs des uns ont tôt fait d’affecter les autres, et ce de plus en plus rapidement.
Comme le chef d’Etat-major des armées, Pierre de Villiers l’a très bien expliqué ces derniers jours, « gagner la guerre ne suffit pas à gagner la paix ». Et qu’est-ce le développement sinon un moyen de gagner la paix ? De façon durable. Pour prévenir les conflits. Pour s’assurer que chaque individu trouve sa place et réponde à ses indignations, ses frustrations, non pas par les armes mais par la démocratie et l’engagement citoyen.
Je ne cesse de le répéter : il ne peut y avoir de développement sans sécurité et il n’y a pas de sécurité sans développement. De façon analogue, la crise des réfugiés appelle une réponse complémentaire entre sécurité et développement.
Nos efforts aux régions les plus vulnérables devront être approfondies, en particulier au Sahel. Comme le sommet de La Valette entre l’Union européenne et l’Afrique l’a montré, l’Europe doit jouer un rôle clé. En 2016, le partenariat entre l’Union européenne et les Etats d’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique, devra être renouvelé car il arrive à son terme. Nous aurons là une vraie occasion de faire évoluer la politique européenne de développement, et de moderniser nos outils et nos priorités.
En France comme en Europe, nous devons nous donner les moyens des ambitions affichées en 2015. C’est pourquoi un rapprochement de l’Agence française du développement et de la Caisse des dépôts et consignations aboutira dans les prochains mois. C’est un chantier majeur à l’égard des pays les plus pauvres : les prêts vont augmenter de 4 milliards d’euros par an jusqu’en 2020 ; les dons seront en hausse de 370 millions. Les synergies entre les savoir-faire de la CDC et ceux de l’AFD devront se faire au bénéfice du développement. Car c’est bien là la finalité essentielle de ce rapprochement.
En 2016, une attention particulière sera également portée aux questions humanitaires, année du sommet mondial. Au vu de l’expérience acquise ces dernières années, en particulier avec Ebola ou le dernier tremblement de terre au Népal, il est essentiel de mener une réflexion approfondie sur les moyens d’intervention. C’est tout l’enjeu des conférences nationales et internationales qui se tiendront cette année et des concertations que je mènerai.
Last but not least, comme je l’entends si souvent – parce que le français est d’abord fragilisé par les Français eux-mêmes… la francophonie restera une priorité. Elle ne continuera à progresser que si elle est ressentie comme une chance par les francophones. Je le vois à chacun de mes déplacements, il n’y a pas un pays où la langue française n’est pas synonyme d’excellence dans un domaine ou un autre : dans les produits de luxe (Japon / Asie), dans l’excellence éducative (Arménie), dans la qualité, la méthode, la performance…
2016 sera une année d’actions pour avancer en ce sens, dans ses trois dimensions institutionnelle, culturelle et économique. La francophonie doit être utile !
Voilà les priorités que je me suis fixées.Et là, vous vous dites « enfin tout ça, elle le fera uniquement si elle reste secrétaire d’Etat dans ce ministère »…De ce point de vue, la période des vœux ministériels tombe mal cette année. Car on ne peut préjuger du futur. Mais vous me connaissez, quelles que soient mes fonctions, des combats me sont indéfectibles :
Il y a bien sûr Saint-Pierre-et-Miquelon. Mes fonctions m’éloignent de mon archipel, mais il n’y a évidemment pas une journée où je n’ai Saint-Pierre-et-Miquelon en tête, où je ne m’enquiers pas des dernières nouvelles, où je n’essaie pas de trouver des solutions aux enjeux de l’archipel. Je sais d’où je viens et où je retournerai après cette parenthèse ministérielle.
Certains adversaires politiques me reprochent même de parler trop souvent de Saint-Pierre et Miquelon dans le cadre de mes fonctions : un comble ! Bien sûr que j’en parle : je l’assume et je le revendique ! Je saisis chaque opportunité pour mieux faire connaître notre archipel et sensibiliser le gouvernement à ses besoins spécifiques. Le Président de la République est venu en décembre 2014, le Premier ministre s’y rendra à l’occasion de son prochain déplacement au Canada. Jamais Saint-Pierre-et-Miquelon n’a connu un tel niveau de représentation dans un temps aussi court ! Cela doit faire avancer plus vite les grands sujets pour l’Archipel.
Avec les membres du mouvement local « Cap sur l’Avenir », je suis particulièrement mobilisée sur son développement économique, car j’ai la conviction que nous avons un potentiel qu’il nous faut pleinement saisir. Le projet de hub de transbordement à Saint-Pierre-et-Miquelon représente une chance unique pour l’activité économique de l’Archipel. C’est un espoir immense, en particulier pour les jeunes. Personne n’y croyait il y a encore quelques années. Et voilà que le Premier ministre s’est engagé à soutenir ce projet lors du dernier comité interministériel à la mer. J’espère que les porteurs de projet privés pourront se saisir maintenant de cette opportunité. Mais les ports, c’est aussi, bien sûr, l’aménagement d’un port de pêche, d’un port de plaisance ou encore, dans l’attente de l’aboutissement du projet hub, une sécurisation de l’accueil des navires de croisière. Je continue à m’impliquer aussi sur d’autres sujets cruciaux pour l’Archipel, comme les relations avec le Canada, avec lequel nous avons des questions à résoudre, notamment pour faciliter les déplacements et la mobilité des Saint-Pierrais et Miquelonnais. Je pense bien évidemment à la prochaine mise en place de l’Autorisation de voyage électronique (AVE), décidé par le gouvernement canadien, et la mobilisation des Saint-Pierrais-et-Miquelonnais en faveur d’un vol direct entre Archipel et l’Hexagone.
Les Outre-Mer font de la France le 2e domaine maritime mondial. Et je lisais encore matin un article qui avait pour titre « La mer est notre avenir ». Vous connaissez ma passion et mon engagement sur les questions maritimes et ma volonté de voir dans ce domaine la France prendre la primauté. Comme l’écrivait l’auteur de cet article[1] « la France a tout pour être une puissance maritime majeure. Il ne manque qu’un Richelieu ou un Colbert à la barre. » Ayons pour objectif que le France ne soit plus seulement détentrice du 2e espace maritime, mais devienne la 2e puissance maritime mondiale.
Plus que jamais, je suis convaincue que les Outre-mer doivent être toujours plus intégrés dans leur environnement régional et servir de têtes de pont de la France dans le monde. Je parlais de TV5 Monde pour la francophonie ; mais France Ô et les chaines Premières constituent aussi un lien essentiel entre la métropole, les Outre-mer et le reste du monde, un lien qu’il faut encore plus développer.
Vous l’aurez compris, malgré la distance, je reste en lien étroit, fort et permanent avec notre archipel. Avec les membres de « Cap sur l’Avenir ». Avec chaque habitant qui m’encourage, me questionne, m’interpelle.
Il y a aussi les combats politiques que je mène avec mes amis radicaux de gauche. Plus le temps passe, et plus je me dis que nous avons raison.
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