La secrétaire d’État était jusqu’à aujourd’hui en Tunisie dans le cadre du 5ème Forum jeunesse centré sur le développement durable. Rassemblant près de 600 jeunes et acteurs de la société civile de Méditerranée et d’Afrique, accompagné par des chercheurs, des associations et des partenaires techniques et financiers, cet évènement est un laboratoire d’idées et de construction de projets pour la Tunisie de demain.
Avec M. Chokri Terzi, secrétaire d’État chargé de la Jeunesse, elle a conclu l’évènement par le discours suivant :
Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs les jeunes acteurs associatifs de Tunisie, mais aussi de France et de nombreux pays, Mesdames et Messieurs, C’est un grand plaisir d’être avec vous aujourd’hui à ce Forum Jeunesse. J’ai en effet commencé ma carrière professionnelle auprès des jeunes, je sais combien leur accompagnement vers l’autonomie et leur engagement dans la construction de leur pays est un enjeu clé de la cohésion d’une société. Je me réjouis que l’Institut français de Tunisie, dont je salue les magnifiques locaux flambant neuf, nous réunisse autour de jeunes acteurs associatifs, venus de nombreux pays pour échanger et construire des projets concrets pour la Tunisie de demain, « sous le signe du développement durable ». Quatre ans après la révolution, la Tunisie a franchi plusieurs étapes historiques. La réussite de ce processus doit beaucoup à l’engagement et à la responsabilité des acteurs de la société civile tunisienne. Cet engagement et cette responsabilité se sont, une nouvelle fois, exprimés le 29 mars dernier pour condamner les attentats du Bardo. Je voudrais ici vous redire ma solidarité avec le peuple tunisien. Ce n’est pas un hasard si le terrorisme a touché un pays qui représente, dans le monde arabe et au-delà, un espoir de paix, de stabilité et de démocratie. Cet espoir, c’est aussi celui de la jeunesse. Le soutien apporté par la France à cette 5ème édition du Forum Jeunesse est un symbole fort de son implication en Tunisie, sur le continent africain et dans l’espace méditerranéen, pour répondre aux attentes des jeunes, leur permettre de saisir les opportunités d’emploi décent bien sûr, mais aussi de vivre dignement et de participer pleinement à la vie démocratique, pour libérer ce formidable potentiel d’énergie créatrice, d’innovation et de transformation que recèle la jeunesse. Cet élan, nous en avons tous collectivement besoin pour aller de l’avant en ces temps difficiles que nous traversons, à Paris, à Copenhague, à Tunis, à Garissa et dans tant d’autres endroits du monde. Les jeunes, j’en suis intimement convaincue et j’ai plusieurs fois eu l’occasion de le constater, aujourd’hui encore en déambulant dans le Village associatif, sont la promesse d’un avenir meilleur, plus juste et plus durable. Cette promesse d’avenir nous oblige. Elle crée pour nous le devoir de répondre aux aspirations, aux attentes et aux espoirs des jeunes. C’est pourquoi j’ai souhaité faire de la jeunesse ma priorité, dès mon arrivée au secrétariat d’Etat chargé du développement et de la francophonie. C’est un enjeu majeur de développement et de solidarité internationale ! C’est l’avenir d’une génération, la construction d’une société. De nos échanges, dans ce Forum, de mon expérience, de mes rencontres sur le terrain, je retiens quatre priorités. Tout d’abord, le développement des compétences, formation, éducation, pour la vie citoyenne et pour faciliter l’accès à l’emploi. L’avenir politique et social de la Tunisie, comme des autres pays du continent africain et du pourtour méditerranéen, est étroitement lié aux perspectives d’éducation, de formation et d’emploi. Ces perspectives doivent être à la hauteur des défis démographiques et économiques que connaît la Tunisie, dont les jeunes représentent aujourd’hui la moitié de la population. 140 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché de l’emploi en Tunisie. La France a pleinement conscience de cet enjeu. L’Agence française de développement est ainsi l’un des tous premiers partenaires de la Tunisie pour l’appui à la formation professionnelle et à l’insertion. Le soutien à l’entreprenariat, notamment par un accompagnement dans la durée des projets des jeunes et des associations, est également au cœur des actions de coopération décentralisée des collectivités territoriales française. Les ONG françaises apportent leur contribution, en portant des projets qui associent la jeunesse tunisienne au développement économique et social de leur pays. Deuxième priorité : la santé ! Les transitions démographiques, économiques, culturelles et sociales créent de nouveaux besoins. Le renforcement de l’accès des jeunes, notamment des jeunes filles, à des soins de qualité, sur l’ensemble du territoire, est un défi majeur. Nous soutenons entre autres le renforcement des capacités des ONG tunisiennes intervenant sur les questions de VIH/sida, en direction des jeunes en particulier. Troisième priorité : l’attractivité des territoires ruraux pour une meilleure insertion des jeunes. Trop souvent en effet, les jeunes des régions éloignées ne disposent pas de services de qualité – routes, accès internet, écoles, établissements bancaires – ni d’opportunités d’emploi décent. L’amélioration de la qualité des formations, l’accompagnement des organisations de la société civile, l’ouverture sur l’environnement économique, la participation des acteurs sociaux, l’écoute et l’orientation des jeunes, le soutien à leurs projets doivent permettre de créer les conditions favorables à la création d’emplois de qualité. Les opportunités existent en zone rurale, dans l’industrie agro-alimentaire, le tourisme ou les énergies renouvelables. Nous devons les valoriser. Quatrième priorité : la participation des jeunes à la vie publique. Car l’aspiration des jeunes, c’est aussi celle de contribuer au débat public pour l’exercice d’une citoyenneté active. Pas simplement celle que l’on décrète, mais celle, vivante, vibrante, qui s’expérimente et qui s’est exprimée tout au long de ces trois jours. En la matière, la Tunisie fait figure de modèle : aucun autre pays de la région ne consacre, dans le texte même de sa Constitution, la participation des jeunes comme pilier essentiel de son développement social, économique et politique. Je tiens à souligner l’importance de la structuration du milieu associatif tunisien, dynamique et entreprenant ! Je pense aux cas emblématiques du Bureau Associations Conseil, du Lab’Ess, projets portés par l’ONG Développement sans frontière, et du programme concerté pluri-acteurs « Soyons Actifs », porté par l’ONG Solidarité Laïque. Ils participent au développement de la société civile tunisienne, notamment la jeunesse, en renforçant les liens entre les associations françaises et leurs homologues tunisiennes. Nous avons besoin de créer des ponts, de faciliter les échanges, de renforcer les partenariats. Ce Forum me donne l’occasion de rendre hommage aux nombreux jeunes français qui viennent en Tunisie dans le cadre des dispositifs de volontariat soutenus par le Ministère des affaires étrangères mais également aux jeunes tunisiens venant en France effectuer une mission de service civique. J’en ai croisé quelques-uns. Ce programme innovant d’échange de volontaires, fondé sur la réciprocité est porté par l’Institut français de Tunisie, l’Agence du Service Civique et la plateforme France Volontaires. Je souhaite développer davantage ces échanges réciproques, qui bénéficient à la jeunesse de nos deux pays. La participation, l’engagement citoyen sont des actes importants d’épanouissement et d’émancipation. Pour leur souplesse et les idéaux dont elles sont porteuses, ce sont souvent les associations qui en constituent le meilleur terreau. Cette 5ème édition du Forum Jeunesse en est, une nouvelle fois, l’illustration concrète. Le Forum Jeunesse contribue à enrichir, développer et renforcer le dialogue noué entre la jeunesse tunisienne, la jeunesse française et celle de nombreux autres pays du continent africain et de la Méditerranée. Ce dialogue est votre réussite et le plus bel espoir qui nous soit donné pour continuer de travailler ensemble au bien-être et à la liberté des générations actuelles et futures.
Arrivée le 2 mai, Annick Girardin s’est d’abord rendu à Nabeul, pour visiter une station d’épuration cofinancée par l’Agence française de développement (AFD). Dans le cadre de la préparation de la Conférence Paris Climat (COP21), la secrétaire d’État s’entretiendra avec Taïeb Baccouche, ministre des Affaires étrangères et Saad Seddik, ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche.
En marge du Forum, la secrétaire d’État a rencontré les jeunes du Safir Lab, un dispositif du ministère des Affaires étrangères qui renforce les compétences de jeunes acteurs de la société civile dans le monde arabe. Elle a déposé une gerbe au Musée du Bardo, frappé par un attentat le 18 mars dernier.
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