Annick Girardin, représentante personnelle du Président de la République auprès de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), a siégé aujourd’hui à la 94e session du Conseil permanent au nom de la France. Elle y a salué la nouvelle Secrétaire Générale Michaëlle Jean et a particulièrement remercié Clément Duhaime, qui participait à son dernier Conseil en tant qu’administrateur après près de dix ans
Madame la Secrétaire générale, Mesdames et Messieurs les représentants personnels, Mesdames, Messieurs, A l’occasion de la première réunion de nos instances que vous présidez, Madame la Secrétaire générale, permettez-moi à nouveau de vous souhaiter, au nom de la France, un excellent mandat et de vous assurer de notre soutien. Cette prise de parole est aussi l’occasion de remercier Clément Duhaime, pour dix ans d’action efficace en tant qu’administrateur aux côtés d’Abdou Diouf. L’espace francophone est marqué malheureusement par des crises multiples, auxquelles nous devons répondre collectivement. Je souhaite tout particulièrement souligner : la lutte prioritaire contre le terrorisme ; les situations de crise et de transition ; et l’indispensable accord international sur les changements climatiques. Nous avons récemment eu l’occasion de manifester ensemble, Madame la Secrétaire générale, notre solidarité à l’égard de la Tunisie et de condamner avec force les attentats perpétrés à Tunis. La France souhaite réaffirmer ce message aujourd’hui, et condamner toutes les manifestations du terrorisme dans le monde. Dans la même région que la Tunisie, l’Egypte fait aussi face à ce fléau du terrorisme, qui l’a frappée à plusieurs reprises ces derniers mois, notamment dans le Sinaï. Je reviens du Liban, où je me suis rendue pour marquer la solidarité de la France alors que ce pays fait face à une crise régionale particulièrement dramatique. Je me rendrai tout à l’heure à Koweït pour une conférence humanitaire pour la Syrie. La poursuite de la guerre civile en Syrie, après 4 années, 220 000 morts et 10 millions de Syriens chassés de leur foyer, heurte la conscience universelle. La France est déterminée à poursuivre ses efforts pour faire émerger une solution politique inclusive, fondée sur un compromis assurant la pérennité de l’Etat et permettant une véritable transition démocratique. Le respect du pluralisme et de la diversité est au cœur des valeurs de la Francophonie. C’est pourquoi Laurent Fabius a réuni le Conseil de Sécurité le 27 mars dernier pour alerter sur l’exil forcé des minorités religieuses du Proche-Orient. Sur le continent africain, les actions terroristes de Boko Haram représentent elles aussi une préoccupation majeure. L’engagement des Etats africains mérite d’être salué ; leur action, sur le terrain, est déterminante. La France apporte son soutien au Niger, au Tchad et au Cameroun, ainsi naturellement qu’au Nigéria. Nous espérons qu’une résolution du Conseil de sécurité viendra bientôt encadrer et amplifier leur action. Au Mali, la situation s’est améliorée, grâce à la mobilisation des Maliens, de leurs voisins et de la communauté internationale. Pour autant la menace terroriste persiste. L’opération Barkhane continue à soutenir le Mali et les autres pays du Sahel pour faire face à cette menace. L’aboutissement des négociations intermaliennes est tout aussi essentiel. Nous devons collectivement, membres de l’OIF, adresser un message de soutien aux efforts de l’Algérie et des autres partenaires régionaux et internationaux, pour convaincre les derniers groupes qui ne l’ont pas fait de signer cet accord de paix tant attendu. Au-delà du terrorisme, qui constitue bien une menace pour la stabilité politique et démocratique dans l’espace francophone, plusieurs pays connaissent d’autres situations de crise ou de transition. Au Burkina Faso il faut souligner le bon déroulement de la transition. L’organisation des prochaines élections présidentielle et législatives constitue son principal chantier. A ce titre, nous saluons l’adoption du calendrier électoral, qui respecte les engagements pris. Nous saluons la mobilisation de l’OIF en faveur d’élections transparentes et inclusives dans ce pays. En RCA, la situation sécuritaire s’est, dans l’ensemble, bien améliorée. Les consultations populaires devant préparer le forum de Bangui ont été un réel succès : c’est un message fort adressé à ceux qui tenteraient de s’opposer à cette dynamique de paix. Il faut désormais inciter les Centrafricains à maintenir le cap et à accélérer le rythme du processus électoral, afin de respecter le calendrier prévu. Il est essentiel que tous les partenaires de la RCA, en particulier ses amis francophones, restent mobilisés, notamment financièrement, en vue de l’organisation des élections. Enfin, en Ukraine, la situation reste préoccupante et il est trop tôt pour tirer un bilan complet de l’application du paquet de mesures agréé le 12 février à Minsk. Néanmoins, il faut continuer de bâtir la confiance entre les parties. La célébration de la journée internationale de la Francophonie a été l’occasion de souligner l’engagement des francophones et en particulier de la jeunesse dans la lutte contre le dérèglement climatique. Notre objectif est connu : trouver un accord international, universel et ambitieux pour limiter à 2 degrés le réchauffement. Pourquoi 2 degrés ? : parce qu’au-delà, les impacts du dérèglement climatique seront incontrôlables : hausse du niveau des mers, disparition de certaines iles, sécheresses, phénomènes climatiques. Le climat est un enjeu géopolitique majeur. C’est un enjeu pour la paix et la sécurité. C’est aussi un enjeu de justice, de solidarité, d’équité et de développement et la famille francophone doit continuer de s’y impliquer et porter une voix dans les négociations. Et cette voix devra être en français, je m’y emploie. La mobilisation de l’OIF notamment via l’Institut de la Francophonie pour le développement durable existe mais doit être amplifiée. La Francophonie peut montrer le même volontarisme en matière climatique qu’en matière d’égalité femmes-hommes. La récente déclaration francophone pour l’autonomisation économique des femmes est la démonstration d’une ambition commune. Nous sommes tous conscients des grands enjeux mondiaux et de la nécessité de nous rassembler pour agir. Madame la Secrétaire générale, Mesdames et Messieurs, chers amis, La France croit à la Francophonie. A une francophonie porteuse de valeurs, à une Francophonie solidaire. Une Francophonie de l’action, qui porte une voix forte face aux grands défis de notre planète. Cette francophonie-là, Madame la Secrétaire générale, nous comptons sur vous pour l’incarner et la faire vivre, en animant le débat parmi nos Etats et gouvernements membres et en étant à l’écoute des sensibilités qui s’expriment dans ce vaste espace. C’est une mission exigeante, mais nous savons que vous êtes une battante !
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