L’Année internationale de l’Agriculture familiale s’achève. Cette pratique est un moyen de lutter contre la pauvreté et de préserver notre environnement. Annick Giradin a salué, dans le discours prononcé ci-dessous, les nombreux acteurs français (organisations professionnelles agricoles, ONG, collectivités locales, établissements publics) qui se sont mobilisés tout au long de cette année :
Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs, Je me réjouis d’être ici aujourd’hui, au côté de Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt pour non seulement faire un bilan de l’engagement de la France et de l’ensemble des acteurs français dans l’année internationale de l’agriculture familiale, mais aussi pour marquer mon souhait de poursuivre notre action. Je tiens tout d’abord à remercier Henri Rouillé d’Orfeuil pour son implication déterminante dans l’animation de cette année internationale en France ainsi que l’ensemble des membres du comité de pilotage. L’agriculture familiale est un thème sur lequel la France est très engagée depuis de nombreuses années. En lançant l’année internationale de l’agriculture familiale en France, nous avons souhaité attirer l’attention des Français, mais aussi de nos partenaires au développement, sur l’importance des agricultures familiales dans la lutte contre la faim et la pauvreté et convaincre que, loin d’être passéiste, l’agriculture familiale, ou plutôt les agricultures familiales, constituent une réponse moderne aux défis de la planète : la lutte contre la faim avant tout, mais aussi le défi de la pauvreté et le défi environnemental. Au terme d’une année intense, on peut dresser un bilan positif de notre action collective : la richesse et la diversité des initiatives menées tant au niveau national qu’international – plus d’une centaine – et l’importance de l’engagement collectif de tous les acteurs français en sont deux témoignages. Je tiens à vous remercier, vous tous ici présents, pour votre mobilisation en tant que responsables et représentants de la société civile, d’organisations agricoles, de collectivités territoriales, de centres de recherche agricole, d’établissements scolaires, du conseil économique social et environnemental. Je voudrais, en ce qui concerne plus particulièrement l’action et la mobilisation de mon ministère, mentionner deux résultats tangibles acquis en 2014 en faveur des agricultures familiales – je ne reprendrai pas l’ensemble des éléments que mes collaborateurs ont eu l’occasion de vous présenter au cours des tables rondes de ce jour.La France a fortement soutenu un objectif relatif à la sécurité alimentaire et a été proactive pour que l’importance de l’agriculture familiale soit explicitement mentionnée dans les cibles, de même que l’emploi en zone rurale, la durabilité des systèmes de production et la priorité à la lutte contre la malnutrition, notamment infantile et maternelle. Grâce à un travail de concertation avec la société civile, les enjeux de l’agriculture familiale sont au cœur de l’objectif n°2 : je pense en particulier à la question de l’égal accès aux terres, de la diversité des semences, mais aussi de la qualité des sols, qui sont des sujets essentiels pour l’environnement et ceux qui en vivent. Si nous pouvons nous réjouir de ces acquis, auxquels notre mobilisation collective a contribué, il ne s’agit que d’une première étape. Il nous appartient maintenant de poursuivre, ensemble, notre action. Les sept propositions de chantiers élaborées par Henri Rouillé d’Orfeuil constituent un outil essentiel et un cadre de réflexion utile pour guider l’action de chaque acteur. Un des chantiers concerne plus particulièrement mon ministère : c’est celui du maintien de l’agriculture familiale dans l’agenda diplomatique international. Sur ce sujet, soyez convaincus de ma pleine mobilisation. La France poursuivra ses efforts pour promouvoir les agricultures familiales dans le cadre de ses relations bilatérales et dans les enceintes internationales où la question de la sécurité alimentaire est traitée, que ce soit au niveau de l’OAA, ou FAO, oui, je suis aussi secrétaire d’État chargée de la francophonie ! – du comité de la sécurité alimentaire mondiale, des réunions du G20 et du G7. Les deux grandes négociations à venir seront des lieux privilégiés pour continuer de promouvoir nos positions :
- Le premier est l’adoption en juillet dernier par la France de sa première loi d’orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale. Cette loi fait du soutien aux agricultures familiales et à la sécurité alimentaire et nutritionnelle une des priorités de nos actions de développement. Elle confirme notre engagement en faveur des agricultures familiales, au cœur de la stratégie de sécurité alimentaire de l’Agence française de développement.
- Le second résultat, qu’il nous faudra consolider, est celui obtenu dans le cadre des négociations internationales en cours pour la définition des objectifs de développement durable.
Nous souhaitons un accord ambitieux qui permettra, entre autres, de réduire l’impact du dérèglement climatique sur les agricultures et les agriculteurs des pays du Sud. La voix de l’agriculture familiale, nous la porterons dans l’alliance pour une agriculture intelligente face au climat – et vous savez que la France est déterminée à le faire, car cette alliance doit répondre aux attentes des paysans. Je pense en particulier aux enjeux du Sahel, où sécurité alimentaire, dérèglement climatique, lutte contre la dégradation des terres et accès à l’énergie sont liés. Car Paris, c’est aussi un plan d’action qui réponde aux attentes des populations les plus exposées à la crise climatique. Ce sont souvent les agriculteurs, car ils sont en prise directe avec le climat. Ils doivent être protégés. C’est pour cela que l’adaptation est une priorité pour Paris Climat 2015. Mais l’agriculture, notamment l’agroforesterie, c’est aussi le stockage du carbone dans les sols, et donc une solution face au dérèglement climatique. Nous aurons, cher Stéphane, plusieurs rendez-vous tout au long de l’année pour prolonger ces échanges. Je pense au rendez-vous organisé par le CIRAD en mars sur la recherche pour l’agriculture sur le climat, ou encore au pavillon France à l’exposition universelle de Milan, qui devra être un lieu de débat et d’échanges. Nous poursuivrons et renforcerons, notamment au travers des projets soutenus par l’Agence française de développement, notre soutien aux agricultures familiales sur de nombreuses thématiques figurant dans les autres chantiers proposés : dans les domaines du foncier et de la gestion durable des ressources naturelles, en favorisant en particulier les transitions agroécologiques. Mais aussi dans les secteurs de la formation professionnelle, du conseil technique et du financement. Nous accompagnerons également l’émergence d’initiatives multi-acteurs de soutien à l’agriculture familiale, portées par des acteurs économiques soucieux d’améliorer leur impact social et environnemental Je voudrais enfin évoquer un sujet au cœur de mes préoccupations : celui de la jeunesse, pour laquelle une stratégie est en cour d’élaboration par mes services. L’accompagnement de la jeunesse en milieu rural en constitue un des axes. Selon le CIRAD, l’Afrique subsaharienne est la seule région du monde qui sera majoritairement rurale jusqu’au milieu des années 2030. Or le contexte actuel dans les zones rurales est peu incitatif pour les jeunes. Les conditions de travail et de vie sont plus difficiles qu’ailleurs, qu’il s’agisse de l’accès à l’emploi ou aux services de base. La jeunesse rurale ne pourra rester, vivre et se développer dans ses territoires que si les conditions de vie et l’attractivité économique y sont améliorées et si l’insertion des jeunes trouve une réponse à l’échelle. Les agricultures familiales présentent un fort potentiel d’emploi et de revenus. L’insertion professionnelle des jeunes dans les filières agricoles, à travers la formation, l’accompagnement à l’installation, l’accès au foncier et au financement et l’appui à la prise de responsabilité collective des jeunes en seront des axes principaux. La forte mobilisation autour des agricultures familiales dont nous avons su faire preuve en 2014 doit se poursuivre. Cette journée de bilan a permis de préciser les grands axes de notre action future. Il convient maintenant tous ensemble de poursuivre notre engagement et de fédérer nos efforts pour permettre aux agricultures familiales de répondre aux grands défis qui sont à relever aujourd’hui.
- celle de l’agenda post 2015, que j’ai déjà mentionnée et qui entre maintenant dans la dernière phase de négociation ;
- celle relative au dérèglement climatique, avec l’accueil par la France à la fin de l’année de la Conférence des Parties sur le Climat.
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