Annick Girardin, a ouvert ce matin un colloque organisé conjointement par le ministère des Affaires étrangères et du Développement international et l’Agence nationale de la recherche (ANR). Il vise à présenter les résultats des programmes de recherche lancés par l’ANR en 2010 sur des enjeux de développement dans les « Suds » et sera l’occasion d’initier un chantier sur le renforcement des liens entre recherche pour le développement et politique d’aide au développement.
Monsieur le Président Directeur Général de l’Agence Nationale de la Recherche,
Mesdames et messieurs, Je voudrais tout d’abord vous souhaiter la bienvenue, à vous – représentants des institutions et organismes de recherche, représentants des ministères et acteurs du développement, français et étrangers – qui avez fait le déplacement pour contribuer aux débats de ce colloque, organisé conjointement par notre ministère et par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). Je souhaite exprimer toute ma reconnaissance à celles et ceux qui ont préparé et permis sa tenue. Ce colloque s’ouvre à un moment particulier de notre histoire, marqué par les événements tragiques qui nous ont tous choqués la semaine dernière. La République a été mise à l’épreuve. Sachons réagir en partageant des valeurs fortes, celles de la République, des valeurs que la mobilisation exceptionnelle d’hier nous intime de porter haut. En premier lieu la liberté : la liberté de penser, la liberté de chercher, la liberté de débattre. Dans l’esprit des lumières, dont les principes nous guident dans cette épreuve, continuez d’éclairer les enjeux et les choix politiques, continuez de débattre librement, au service d’un monde plus juste, plus sûr, plus équitable. L’ANR apporte résolument sa contribution au débat. Je souhaite tout particulièrement la féliciter pour avoir lancé deux appels à propositions sur « les Suds ». Nous suivons de près cette initiative. Vos discussions des deux prochains jours porteront sur la restitution des résultats de ces recherches, menées dans différents champs des sciences humaines et sociales. Vous débattrez également des enseignements qui peuvent en être tirés pour les politiques publiques. Ces échanges seront l’occasion de s’interroger sur la manière de renforcer les liens entre recherche pour le développement et politique d’aide au développement. Cette question est essentielle, et je souhaite que nous y apportions des réponses concrètes cette année. Mais avant que vous ne vous mettiez au travail, je souhaiterais partager avec vous quelques réflexions sur les points qui me paraissent importants pour cadrer les réflexions. En premier lieu, l’action extérieure de la France en faveur de la recherche pour le développement est indissociable de l’APD française. Elle représente environ 350M€ de dépenses annuelle pour l’Etat. Elle est un formidable outil de partage des savoirs et contribue résolument, depuis de nombreuses années, et de mieux en mieux, à la construction et à la consolidation d’un espace Nord-Sud, mais aussi Sud-Sud de la recherche. Car nous sommes des partenaires – j’insiste sur ce mot – de la recherche au Sud : il nous faut renforcer le partage des connaissances, l’apprentissage mutuel et la définition conjointe des sujets et des méthodes de recherche. La France s’est dotée, pour ce faire, d’opérateurs reconnus sur le plan international, disposant d’un vaste réseau au Sud et d’un savoir-faire original et renommé. Je voudrais saisir ici l’occasion qui m’est offerte pour féliciter tous les chercheurs engagés dans ces activités scientifiques d’excellence. A chaque déplacement dans un pays du Sud, je reçois des compliments sur la recherche française au service du développement, qui est souvent citée en exemple parmi les différents volets de notre coopération. Ces compliments s’adressent naturellement à notre communauté scientifique dans son ensemble et je souhaite ici vous en remercier :- l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), qui dispose de 27 représentations à travers le monde, co-publie près de 50% de sa production scientifique avec des auteurs du Sud, aussi souvent que possible en langue française. C’est important pour moi, vous vous en doutez. Bien sûr, je souhaite que nous puissions dès que possible désigner un nouveau président pour cet établissement prestigieux, afin de capitaliser sur le travail de Michel Laurent pour lui donner une nouvelle impulsion ;
- le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique (CIRAD), engagé dans des « dispositifs de recherche et d’enseignement en partenariat » à l’étranger et impliqué dans plus de 100 pays ; Un accord-cadre entre l’AFD et le CIRAD sera signé, ici-même, demain, qui montre l’exemple à suivre en termes de coopération ;
- le réseau international des 32 Instituts Pasteur, qui joue un rôle majeur de recherche, de formation et de santé publique là où ces instituts sont établis – dont j’ai pu mesurer le rayonnement international dans le contexte de la lutte contre l’épidémie d’Ebola ;
- les 27 Instituts français de recherche à l’étranger (IFRE), qui contribuent à la fois à une coopération scientifique d’excellence, aux débats d’idées et à la transmission des savoirs aux niveaux local et régional ;
- au-delà, environ 200 personnes, présentes dans nos ambassades et nos consulats, mènent des actions de soutien à notre coopération scientifique ;
- le ministère finance ou co-finance des partenariats scientifiques, qui contribuent à l’amorçage de coopérations solides et durables et à la mobilité des chercheurs, principalement celle des plus jeunes ;
- n’oublions pas les laboratoires de recherche qui, dans nos universités, consacrent de nombreux moyens à la recherche pour le développement ;
- et n’oublions pas le Fonds de Solidarité Prioritaire (FSP), qui finance à hauteur de 4 M€ actuellement, des projets de recherche au Sud.
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