Annick Girardin est à Lima avec Laurent Fabius et Ségolène Royal pour la 20ème conférence Climat des Nations Unies (COP20). C’est le dernier grand rendez-vous sur le climat avant Paris Climat 2015 (COP21).
La COP 20 permettra de poser les bases de l’accord de Paris, avec les premiers éléments du texte de négociation, portant aussi bien sur les engagements de réduction des émissions que sur l’adaptation face aux impacts du dérèglement climatique. Lima doit aussi permettre de préciser le contenu des contributions que les pays proposeront pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Annick Girardin y a prononcé un discours sur la désertification lors d’une conférence sur la dégradation des terres.
Je voudrais avant tout remercier Mme Monique Barbut et la convention cadre des Nations Unies pour la lutte contre la désertification pour avoir organisé cet évènement, et la Chine et M. Xie Zenhua pour accueillir cet évènement sur la dégradation des terres.
Je ne serai pas longue et je voudrais ici simplement rappeler 3 points qui me paraissent essentiels.
- Le premier point c’est qu’aujourd’hui personne ne peut échapper à l’inquiétante succession d’évènements climatiques, les sécheresses, les inondations, les tempêtes… On voit bien que notre système climatique est en train de déraper et à chaque fois les conséquences économiques, sanitaires, voir sécuritaires sont importantes.
C’est d’ailleurs là le paradoxe : dans cette convention climat, nous nous concentrons sur des objectifs de long terme, sur des engagements vers l’économie sobre en carbone, sur des trajectoires économiques pour 2030, pour 2050. Dans le même temps nous négligeons certains enjeux, plus immédiats, plus concrets aussi pour nos concitoyens. C’est le cas des terres, et de l’adaptation au dérèglement climatique.
- Mon deuxième point, c’est qu’il y a bien une raison à cela : dans le monde aujourd’hui, ce qu’on ne sait pas compter n’existe pas aux yeux des politiques ou des décideurs économiques.
Or sur l’adaptation, on le voit bien ici quand nous discutons dans les négociations de l’adaptation, on a toute une série de difficultés à intégrer ces sujets parce qu’on ne sait pas les mesurer. C’est vrai pour les discussions sur un objectif d’adaptation, c’est vrai pour les financements pour l’adaptation (je sais, malgré nos efforts à l’AFD que nous avons encore du mal à mesurer quel projet relève de l’adaptation au dérèglement climatique). Sans indicateur, un thème n’existe pas.
- C’est pour ça, et c’est mon troisième point, que je remercie la Convention sur la Désertification pour son action en faveur d’une meilleur compréhension des enjeux liés à la terre. La terre, c’est l’autre grand volet du climat : il y a le secteur de l’énergie, qu’on connaît bien, et puis celui des sols, de l’agriculture, des forêts, qui est un peu laissé de côté dans nos discussions.
C’est d’autant plus important que les terres et les sols, c’est à la fois une partie du problème et une partie de la solution.
Une partie du problème parce qu’il y a un cycle vicieux : le dérèglement climatique accélère la perte de qualité des sols, menace la sécurité alimentaire, parfois la sécurité tout court, c’est le cas au Sahel.
Mais aussi une partie de la solution parce que quand on enclenche un cercle vertueux, qu’on s’occupe des sols et des personnes qui vivent de ces sols, on peut mettre en place une dynamique positive : restauration des sols, développement de l’agriculture et retour à la sécurité alimentaire, développement économique associé… et, bien sûr, la séquestration du carbone dans les sols, ce qui rend un service majeur à l’humanité pour rester en dessous des 2°C.
Ce sont des actions qui intéressent aussi nos collègues ministres de l’agriculture, et qui sont indispensable si on veut que les accords que nous négocions ici à Lima, puis à Paris, sortent des salles de l’ONU pour être réellement utiles à nos concitoyens.
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