Deux mois après son premier déplacement, Annick Girardin est depuis le jeudi en Guinée. La secrétaire d’Etat était accompagnée à Conakry par les commissaires européens Christos Stylianides, chargé de l’action humanitaire et coordonnateur européen pour Ebola, et Vytenis Andriukaitis, chargé de la santé. Ils ont rencontré le Président de la République, M. Alpha Condé, les ministres de la coopération internationale, de la santé et du budget, ainsi que les principaux acteurs sur le terrain de la réponse à l’épidémie d’Ebola.
Hier, elle a inauguré le centre de traitement Ebola de Macenta. Créé à la demande de la Guinée dans la zone la plus touchée du pays, ce centre est nancé par la France à hauteur de 14 millions d’euros et géré par la Croix- Rouge française. Et y a prononcé le discours suivant.
13-15 novembre 2014 Inauguration du centre de traitement contre le virus Ebola à Macenta
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Monsieur le Ministre, Monsieur le Coordinateur national, Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire,
Monsieur l’Ambassadeur de France en Guinée, Madame l’Ambassadrice, coordinatrice de la task-force Ebola,
Monsieur le Directeur général de la Croix-Rouge française, Monsieur le Directeur de l’Agence française de développement en Guinée, Monsieur le Coordonnateur de Médecins sans frontières en Guinée,
Mesdames et Messieurs les Membres des équipes de Médecins sans frontières, de la Croix-Rouge guinéenne et de la Croix-Rouge française,
Mesdames et Messieurs, Chers Habitants de Macenta et de Guinée forestière.
Permettez-moi de vous exprimer toute ma reconnaissance pour l’accueil particulièrement chaleureux que vous avez bien voulu me réserver, ainsi qu’à la délégation qui m’accompagne.
La Guinée traverse en ce moment, avec cette épidémie de maladie à virus Ebola, des moments particulièrement éprouvants. Mes premiers mots seront donc dédiés aux victimes de cette épidémie : nos pensées vont à leur mémoire et à leurs proches.
Nos pensées vont aussi à ceux qui se mobilisent contre cette épidémie, qu’ils soient Guinéens ou venus d’ailleurs. Ils jouent un rôle crucial pour porter assistance et réconforts aux malades, pour protéger nos sociétés d’une extension de l’épidémie. Je veux leur rendre, ici à Macenta, tout l’hommage qui leur est dû.
Mesdames et Messieurs,
Depuis le début de cette crise, la France se tient aux côtés de la Guinée et des Guinéens dans cette épreuve.
Deux mois après ma première visite en Guinée, ce déplacement à Macenta est placé sous le signe de l’action, avec l’ouverture de ce Centre de traitement Ebola. Le président de la République, François Hollande, a annoncé le 18 septembre dernier que la France mettrait en place un nouveau centre de traitement Ebola en Guinée forestière, en réponse à l’appel du président Alpha Condé.
C’est chose faite. La France tient ainsi son engagement à Macenta.
Naturellement, elle ne le fait pas seule et rien n’aurait été possible sans l’engagement de Médecins sans frontières et de la Croix-Rouge française.
Votre action est remarquable. Vos personnels, Guinéens et expatriés, forcent le respect. Et c’est votre capacité à travailler main dans la main, dans le respect du rôle et des traditions de chacun, qui rend possible notre présence ici aujourd’hui. Notre Ambassadeur, qui s’est rendu à Macenta il y a trois semaines, en a fait le constat très encourageant.
Cette collaboration, que vous avez soulignée, Monsieur le Directeur général de la Croix-Rouge française, sera tout aussi indispensable dans les semaines qui vont venir, au fur-et-à mesure que les personnels guinéens viendront étoffer le dispositif constitué des volontaires de la Croix-Rouge, dans le cadre d’un passage du témoin reçu de MSF.
Je veux aussi remercier le gouvernement de Guinée, qui s’est fortement impliqué, à tous les échelons, pour permettre l’ouverture de ce centre de traitement, pièce importante du plan de riposte national à Ebola.
Je souhaite remercier le Programme alimentaire mondial, dont l’appui a été déterminant dans la construction de ce centre. Au-delà de cette réalisation, que cette agence des Nations unies soit félicitée pour la qualité de son engagement et pour l’esprit avec lequel elle sait travailler en partenariat avec les pays engagés dans des actions bilatérales.
La France, de son côté, a joué tout son rôle.
Elle a mobilisé les crédits indispensables, d’abord 5 millions d’euros sur l’enveloppe du contrat de désendettement et de développement, en accord avec les autorités Guinéennes, auxquels se sont ajoutés, sur décision du président François Hollande, 6 millions d’euros supplémentaires.
Nous avons dépêché des équipes d’experts, des médecins de l’EPRUS et sollicité les compétences de notre ambassade à Conakry. L’Agence française de développement s’est fortement mobilisée.
Au total, l’ouverture de ce centre est exemplaire d’une nouvelle manière d’avancer, où les États du Nord assument leurs responsabilités, mais de manière différente, en faisant travailler ensemble tous les maillons de la chaîne de la solidarité internationale.
Je voudrais revenir un instant sur l’importance que nous attachons à l’enracinement de ce centre à Macenta.
Car nous avons et c’est certainement le plus important, su nouer des rapports de confiance avec vous, les populations de Guinée forestière.
Grâce à votre soutien constant, Monsieur le Préfet, l’adhésion s’est créée, et la pédagogie, fondée sur le respect des personnes, l’a emporté sur la peur, les rumeurs ou l’hostilité.
La Guinée ne comptait jusqu’à ce jour que deux Centres de traitement contre l’épidémie, à Conakry, au sein de l’hôpital Donka, et à Guékédou, tous deux gérés par Médecins sans frontières dans des conditions éprouvantes. Au moment où de nouveaux foyers apparaissent en Guinée forestière, l’ouverture de ce Centre de traitement permettra de soulager l’effort de toutes les équipes qui sont engagées sans répit dans la lutte contre cette terrible épidémie.
Que serait notre action, que serait le sens de nos financements si nous n’avions la conviction que le peuple de Guinée ne rassemble toutes ses forces, «Tous unis contre Ebola» ? Le Docteur Sakoba Keita en est l’incarnation depuis le début de cette longue épidémie, à vos côtés Monsieur le Ministre de la Santé.
Et comment un tel centre pourrait-il remplir son rôle s’il ne pouvait compter sur l’appui des populations de Macenta, Monsieur le Maire, sur la mobilisation de la société civile ?
Et en tout premier lieu des femmes qui, on ne le redira jamais assez, sont les premières victimes de cette épidémie, parce qu’elles soignent, parce qu’elles sont les plus proches des malades et de ceux qui souffrent. Plus de la moitié des victimes d’Ebola sont des femmes. Ce centre, je l’espère, contribuera à changer leur condition.
De même, j’en suis certaine, qu’il offrira aux infirmières, aux soignantes, à celles qui prépareront les tenues de protection, jour après jour, des conditions de sécurité à la hauteur des enjeux de leur mission.
À la frontière du Libéria, Macenta est au cœur de la zone la plus éprouvée. Des patients, je le sais, arrivent des préfectures voisines, de N’Zérékoré, Beyla, et maintenant Kérouané. Par ses capacités (50 lits, mais plus si cela était nécessaire), par la qualité de ses personnels, par les conditions d’accueil et de travail nouvelles qu’il va offrir, ce centre de traitement sera, j’en suis persuadée, d’un appui considérable dans la lutte contre l’épidémie.
D’autres centres de traitement sont en cours de construction, par nos partenaires, et je m’en félicite.
Monsieur le Ministre, Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs,
Nous sommes aujourd’hui à un tournant de l’épidémie.
Je voudrais vous dire ici, à Macenta, que la France va accroître encore son action en Guinée.
Le centre de traitement Ebola de Macenta est le premier centre soutenu par la France en Guinée.
Comme l’a annoncé le président François Hollande, nous allons faire davantage, et nous avons commencé à le faire.
- Des équipes de la Sécurité civile française sont à pied d’œuvre pour préparer l’équipement de deux nouveaux centres de traitement, à Kérouané et à Beyla ; elles participeront aussi à la consolidation du centre de Forécariah, en Basse Côte ;
- La sécurité civile française va également rénover l’école de sous-officiers de Manéah, en banlieue de Conakry, qui accueillera le centre de formation des personnels guinéens, soignants et non soignants, impliqués dans la lutte ;
- En France, nous avons décidé d’ouvrir un centre de formation à la prise en charge des malades d’Ebola pour les personnels expatriés avant qu’ils ne viennent dans la région ;
- Nous avons renforcé les capacités de l’équipe des conseillers placés auprès du Dr Sakoba Keita depuis l’arrivée du Médecin général et Professeur René Migliani, dont je salue ici la présence ;
- Le service de santé des armées est arrivé la semaine dernière à Conakry pour construire un centre de traitement dédié aux personnels soignants ;
- L’Institut Pasteur amplifie ses activités, qui seront à terme durable en Guinée, avec la création d’un centre d’expertise pasteur à Conakry.
Aucun autre pays n’est engagé comme la France en Guinée, par les financements, par le conseil, par la mobilisation des femmes et des hommes sur le terrain comme au plus près du dispositif de décision.
Le moment n’est pas venu de relâcher notre effort conjoint et nous comptons sur vous, comme vous pouvez compter sur nous.
Car l’engagement de la France, c’est d’aller jusqu’au bout de la lutte contre Ebola, avec vous tous qui êtes engagés dans ce combat.
Vive la Guinée, vive la France, vive la solidarité et l’amitié franco-guinéennes !
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