
Suite aux propos profondément inquiétants prononcés par le Ministre de l’Intérieur Claude GUEANT lors d’un colloque à l’Assemblée Nationale, où il a indiqué que, selon lui, « toutes les civilisations ne se valent pas » (il a eu l’occasion de préciser sa pensée depuis, indiquant que « ce qui est en cause, c’est la religion musulmane »… ah, cela explique tout!), c’est fort justement que le Député et Président du Conseil Régional de la Martinique, Serge LETCHIMY, s’en est indigné publiquement lors de la séance de questions d’actualité du 7 février dernier, au nom des valeurs humanistes et républicaines qui rendent intolérables de tels propos, de surcroît de la part du Ministre de l’Intérieur, Ministre des Cultes.
La Droite, manifestement très gênée, n’aura pas trouvé mieux que de tenter faire diversion et de discréditer M. LETCHIMY en s »indignant, à grands coups médiatiques, que celui-ci ait fait référence indirecte au régime nazi dans son intervention.
Le Député de l’Archipel, collègue et amie de M. LETCHIMY, lui a immédiatement adressé le message de soutien et de remerciement ci-dessous :
Mon très cher collègue,
Je tenais à t’adresser depuis St Pierre et Miquelon ce bref message pour t’affirmer à quel point tes propos en séance de questions d’actualité m’ont semblé justes et surtout nécessaires pour interpeller le peuple de France quant aux risques inhérents aux propos tenus par M. GUEANT.
Peu importent les écrans de fumée, la vértiable question me semble être la suivante : En France, aujourd’hui, est-il acceptable que le Ministre de l’Intérieur, Ministre des Cultes, qualifie -implicitement ou non – certaines civilisations d’inférieures, pour préciser par la suite que ses propos visent « la religion musulmane »?
Est-il acceptable que, de surcroît, celui-ci justifie ses propos en présentant clairement une vision du monde qui sépare les « bons musulmans » de France des « mauvais musulmans » étrangers ?
Même si tes propos ont été malheureusement détournés par les médias, tu auras eu le grand mérite de mettre cette question sur le devant de la scène et des esprits. Désormais, les alternatives sont clairement posées, en vue des échéances à venir, en ce qui concerne la question des valeurs humanistes et, tout simplement, de ce qui fait la France.
Je tiens, à titre personnel, à t’en remercier.
Bien amicalement,
Annick Girardin
De surcroît, le Député de l’Archipel s’est jointe à l’initiative d’une grande partie des députés d’Outre-Mer afin d’adresser le courrier cosigné suivant au Président de l’Assemblée Nationale, demandant que, malgré les pressions, aucune sanction ne soit prononcée à l’égard de Serge LETCHIMY lors de la réunion du Bureau de l’Assemblée, ce 14 février :
Paris, le 11 février
Monsieur le président,
La prochaine réunion du bureau de l’Assemblée nationale aurait été avancée au 14 février, alors que celle-ci était prévue le 22, dans le seul but de statuer sur le « cas » de notre collègue député de la Martinique, Serge LETCHIMY, en vue de lui infliger une sanction à la suite de la question qu’il a posée le 7 février au ministre de l’Intérieur.
Aucune sanction ne nous paraît devoir être prononcée.
Nous, députés de tous les outre-mers, nous considérons en effet que rien dans les propos de notre collègue ne vient étayer l’interprétation qui en a été faite par le Gouvernement et le groupe majoritaire.
Serge LETCHIMY n’a jamais traité le ministre de l’Intérieur de « nazi », ni de promoteur des camps de concentration. Avec sa sensibilité, avec l’héritage politique qui est le sien, il rappelait une évidence sous la forme d’un syllogisme que les tourments de l’histoire humaine illustrent sans peine : si l’on attribue une valeur différente aux civilisations, si l’on cherche à les hiérarchiser en considérant que telle ou telle serait « supérieure » à une autre, alors le pire peut advenir et le pire, plusieurs fois, est advenu.
Dans les territoires de l’Outre-mer français dont nous sommes les élus et dont les liens avec la République se sont forgés le long d’un chemin tortueux, ces propos ont été ressentis comme une vieille blessure que l’on aurait cherchées à rouvrir. Les mots de Serge LETCHIMY ont été perçus comme la réponse que commandait notre dignité. S’il venait à être sanctionné pour cela, ce serait un terrible camouflet et une insondable humiliation que l’Assemblée nationale infligerait aux peuples d’outre-mer à travers son éminent représentant. Le coup serait sévère pour ce pacte républicain que, tous, nous défendons.
Monsieur le président, vous avez su faire preuve durant la législature de la hauteur de vue et de l’indépendance d’esprit nécessaires à vos fonctions. Nous voulons croire que vous saurez puiser dans ces qualités que nous vous connaissons, pour mettre un terme à cette mauvaise polémique.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le président, l’expression de notre respectueuse considération.
Victorin LUREL, Jeanny MARC, Christiane TAUBIRA, Louis-Joseph MANSCOUR
Alfred MARIE-JEANNE, Annick GIRARDIN, Patrick LEBRETON, Chantal BERTHELOT, Huguette BELLO
Aussi, c’est avec une grande satisfaction qu’Annick Girardin a appris que le Bureau de l’Assemblée Nationale, dans sa grande sagesse, a effectivement choisi de s’opposer aux pressions qui s’exerçaient sur lui et a refusé de prononcer une quelconque sanction à l’égard de Serge LETCHIMY.
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